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Gergiev à Saint-Sébastien : des adieux courageux

San Sebastian
Auditorium Kursaal
08/09/2010 -  
Hector Berlioz: Roméo et Juliette op. 17
Ekaterina Semenshuk (mezzo-soprano), Dmitri Vorpaiev (tenor), Evgeni Nikitine (baryton)
Orfeón Donostiarra, José Antonio Sáinz Alfaro (chef de chœur), Orchestre du Théâtre Mariinski, Valery Gergiev (direction musicale)


V. Gergiev (© Alberto Venzago)


Après la grande fête russe des deux premiers jours, Gergiev décide de mettre fin à son séjour à la Quincena avec une page difficile, le Roméo et Juliette de Berlioz (textes shakespeariens d’Emile Deschamps), une œuvre rare, pleine d’excellents moments, mais aussi un peu composite, sans progression dramatique, un tableau suivi d'une image, une image suivie d'une suggestion; des évocations, mais pas d'action à proprement parler. Enfin, une page qui n’est pas la plus adéquate pour conquérir un auditoire moderne (ni même les contemporains du compositeur, dit-on). Chez Berlioz, c’est toujours Shakespeare qui unit la muse au compositeur.


Il semblerait que Gergiev, avec ses concerts longs et si différents, ne veuille pas emprunter des chemins déjà parcourus, piétinés même, mais plutôt des voies tout à fait diverses, ambitieuses, même si cela rend la réussite finale plus difficile. En plus, il s’agissait ici de collaborer avec le formidable chœur de la ville de Saint-Sébastien, l’Orfeón Donostiarra, une institution qui a chanté très souvent pour les ensembles français (Lyon, Toulouse, etc.) et qui connaît bien une grande partie du répertoire français, de Berlioz jusqu’à Debussy, ou Ropartz.
 

Roméo et Juliette est un défi donc, et le spectacle de Gergiev face à l’Orfeón, à l’Orchestre du Mariinski et aux trois solistes rappelait cette caricature de Berlioz en train de diriger un ensemble vocal-orchestral bigarré, avec tous les instruments, toutes les voix; un dessin amusant, mais un peu injuste. Gergiev est une espèce de dompteur de fauves, et le public lui a reconnu sa valeur, et cela sans trop de nuances: son succès a été incontestable. Mais les fauves ont été les bien-aimés de la soirée. L’Orfeón, certainement, mais l’orchestre, surtout: quand le maestro demande aux musiciens se lever pour recevoir les félicitations du public, l’intensité des applaudissements est très élevée. Les trois solistes, hélas, ont une très courte ovation, surtout le ténor; mais tous trois sont à la hauteur de l’événement: on rêve d’entendre et de voir la mezzo Ekaterina Semenshuk et le baryton Evgeni Nikitine dans des rôles plus larges, plus complexes, qui mettraient leurs qualités davantage en évidence.
 

On peut ne pas être trop à l’aise pendant une heure et quarante minutes, la durée de cette œuvre de Berlioz, mais on ne peut pas être indifférent quand l’interprétation acquiert cette intensité, cette force, même s’il ne si l'on ne peut parler de perfection. Rien que de la vie et son image dans l’art des sons.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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