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Etincelant, lumineux

San Sebastian
Auditorium Kursaal
08/08/2010 -  
Richard Wagner: Parsifal: Prélude et Enchantement du Vendredi Saint
Jean Sibelius: Concerto pour violon op. 47
Rodion Chédrine: Concerto pour piano n° 5 op. 107 – Le Petit cheval bossu (extraits du ballet) – Concerto pour orchestre n° 1 "Naughty Limericks"

Sergey Khachatryan (violon), Denis Matsuev (piano)
Orchestre du Théâtre Mariinski, Valery Gergiev (direction musicale)


S. Khachatryan (© Inigo Ibanez)


La première partie du concert du 8 août (Wagner, Sibelius) aurait pu faire penser que les choses allaient être différentes du concert de la veille (lire ici). Pas mieux, pas au même niveau. Wagner sonne très différemment avec ces cuivres, c’est vrai, et il en était déjà ainsi au temps de Samossoud et des vieux maîtres. Le Parsifal de Gergiev n’est pas mystique, heureusement, même pas dévot; lyrique, plutôt, d’un lyrisme pénétrant. L’accompagnement du Concerto pour violon de Sibelius n’a pas été le meilleur moment de Gergiev et de l’orchestre. Mais le jeune violoniste arménien Sergey Khachatryan a brillé par sa lumière précise et personnelle dans le solo, virtuose, lyrique, méditatif. Khachatryan a une ligne d’une beauté rêche, sans concessions, mais c’est de la beauté, après tout. Vingt-cinq ans, et déjà un artiste, on rêve d’entendre Khachatryan dans Tchaïkovski, Beethoven, voire Alban Berg et Béla Bartók. Il nous a fait un beau cadeau: une chanson populaire arménienne dont les sons aigus atteignaient l’inaudible.
 

La second partie nous réservait la grand surprise: une petite anthologie de Chédrine. Rodion Chédrine, né en 1932, appartient à la génération de Goubaïdoulina, Schnittke, Kancheli, etc. Il est le compositeur d’opéras beaux et complexes comme Les Ames mortes (d’après Gogol) ou La Boiarina Morozova (un épisode du grand Raskol – Schisme – du XVIe siècle), et aussi de ballets comme Carmen-suite (arrangement à partir de Bizet) et La Dame au petit chien (d’après Tchekhov), tous deux pour sa femme, l’extraordinaire danseuse Maïa Plissetskaïa. Sans parler de son œuvre symphonique, vocale ou de chambre. Chédrine est un des grands compositeurs vivants de notre temps, et l’anthologie de Gergiev n’en est qu’un petit échantillon. Formidable le Cinquième Concerto pour piano, l’œuvre d’un compositeur qui n’est pas un épigone de Chostakovitch ou Prokofiev, mais un musicien qui appartient à la même tradition nationale et postromantique (voire antiromantique) que les deux maîtres d’antan. Le Cinquième Concerto de Chédrine (1996) va au-delà de la tradition, il a de l’humour, il est acide aussi, et frôle ce que les autres pièces, antérieures, exploitent assez bien: la musique légère comme base et inspiration de la musique tout court. Par moment, on dirait un concerto pour la main droite, puis, à partir d’un moment donné, la virtuosité implacable s’impose, à vous couper le souffle. Le pianiste Denis Matsuev est ahurissant. Son succès est émouvant. Gergiev, l’orchestre et lui-même ont donné un bis inattendu: le mouvement de clôture du Premier Concerto pour piano, trompette et cordes de Chostakovitch. Alors, là… L’accompagnement est éclatant; la virtuosité de Matsuev, incroyable; auxquels il faut ajouter un trompettiste de l’orchestre, Timour Martynov, dont les phrases, les staccati, la virtuosité aussi, ne seront pas oubliés à Saint-Sébastien pendant longtemps. Ainsi, Gergiev et Matsuev laissaient voir la tradition dans laquelle Chédrine puisait.
 

Une partition de jeunesse, le ballet Le Petit cheval bossu (1955), et la partition moqueuse du Concerto pour orchestre no. 1 (rien à voir avec Bartók, Kodály et tous les compositeurs de concertos pour orchestre) ont fourni un final lumineux, étincelant à une soirée aussi inoubliable que celle de la veille. En plus, Matsuev a joué un extraordinaire morceau de bravoure, une Paraphrase de Grigori Ginzburg sur Largo al factotum qui a provoqué encore plus d’enthousiasme.
 

C’était la joie de la musique, l’art des sons, par un orchestre d’un grand niveau et un maestro rigoureux, artiste inépuisable.


Le site de Sergey Khachatryan



Santiago Martín Bermudez

 

 

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