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Accomplissement Colmar Eglise Notre-Dame de Rouffach 07/25/2010 - Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour piano n°8, K. 300d [310]
Frédéric Chopin : Sonate pour piano n°2, opus 35
Jean-Frédéric Neuburger : Trois chants de Maldoror
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n°29, opus 106 « Hammerklavier » Jean-Frédéric Neuburger (piano)
J.-F. Neuburger
Deux jours après avoir remplacé Frédéric Aguessy lors du concert d’ouverture de la présente édition de Musicalta (voir ici), Jean-Frédéric Neuburger, qui célèbrera son vingt-quatrième anniversaire à la fin de cette année, se produit en solo ce dimanche après-midi dans l’Eglise Notre-Dame de Rouffach. Son curriculum vitae comporte de solides références, notamment une discographie non négligeable, actuellement chez Mirare (voir ici, ici, ici et ici), ainsi qu’une carrière menée à l’échelon international, jusqu’au Brésil, au Japon et aux Etats-Unis. Et cela ne fait que commencer puisque le pianiste apparaitra la saison prochaine à l’affiche de plusieurs salles européennes de renom en tant que «Rising Star».
Posée, même dans les passages plus animés, sa Huitième Sonate (1778) de Mozart traduit un souci évident de construction (conduite du propos, transparence) et d’expressivité. Aussi finement ciselée, sa lecture de la Deuxième Sonate (1837-1839) de Chopin s’avère moins introvertie. Jean-Frédéric Neuburger en éclaire les tourments sans toutefois omettre ce qu’elle comporte de lyrisme et d’élégance. Pour arriver à ses fins, il recourt à une palette dynamique contrastée et n’hésite pas à accentuer certains passages ou à ralentir ponctuellement, comme dans le Scherzo. Domine dès lors une impression de puissance mais surtout d’instabilité, au demeurant peut-être voulue, comme l’illustre une «Marche funèbre» dans laquelle des moments extérieurs en côtoient d’autres où le pianiste semble jouer pour lui seul.
La composition constitue pour lui une activité à part entière et, à l’écoute des Trois chants de Maldoror, un terrain sur lequel il serait intéressant de le retrouver. Bien de son temps et volontiers atonale, l’écriture, le plus souvent nerveuse mais réservant une place au rêve, évoque Boulez, en particulier la recherche sur les timbres. Evoluant dans les extrêmes graves et aigus, la partition oblige d’ailleurs à se lever pour manipuler les cordes, parfois en même temps qu’en jouant au clavier.
La Vingt-neuvième Sonate « Hammerklavier» (1817-1819) de Beethoven occupe très logiquement la seconde partie. Jean-Frédéric Neuburger, qui l’a manifestement creusée en profondeur, y démontre la richesse de sa sonorité, grâce à un toucher adéquat, ainsi que son indéniable maîtrise instrumentale. Solidement et logiquement assemblée, dépourvue de baisse de tension, son interprétation se distingue non seulement par son envergure et sa consistance mais aussi par sa souplesse et la variété de ses teintes. Parvenir dans ce monument à un tel accomplissement, qui plus est à un âge aussi peu avancé, mérité d’être salué, ce qu’a bien compris le public, remercié de son accueil par l’Andante du Concerto italien de Bach.
Sébastien Foucart
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