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Musique de fond Paris Jardin du Luxembourg 07/25/2010 - Frédéric Chopin : Concertos pour piano n° 2, opus 21, et n° 1, opus 11
Piotr Paleczny (piano)
Sinfonia Varsovia, Jacek Kaspszyk (direction)
Parmi les nombreuses célébrations du bicentenaire de Chopin, le jardin du Luxembourg, à l’initiative de la ville de Varsovie, de l’agence Stoleczna Estrada, du Sénat français, de l’Institut polonais de Paris et du musée de l’affiche de Wilanów, accueille du 20 juin au 25 juillet une exposition d’affiches et une série de six concerts, pour quatre d’entre eux aux abords de la fontaine Médicis et, pour l’inauguration ainsi que la clôture, non loin du bassin central, dans l’axe du palais. Décrits dans un beau livret généreusement distribué aux spectateurs, les programmes font la part belle aux artistes polonais, notamment à deux lauréats de la huitième édition du concours Chopin (1970): Janusz Olejniczak, sixième prix, le 20 juin et Piotr Paleczny, troisième prix (derrière Garrick Ohlsson et Mitsuko Uchida), le 25 juillet. Ce dernier est accompagné, pour les deux Concertos (1829 et 1830), par le Sinfonia Varsovia, au milieu d’une tournée qui le mènera notamment à Montpellier et à Menton sous la direction de Vladimir Repin: Jacek Kaspszyk est ici à la baguette, mais on se souvient que c’est un Français d’ascendance polonaise, Marc Minkowski, qui en est le directeur musical depuis juin 2008.
Bref, les relations culturelles franco-polonaises semblent au beau fixe, contrairement au ciel, assez menaçant, qui n’a cependant nullement dissuadé un très nombreux public, assis sur les chaises disposées devant la scène ou bien apportées par ses propres soins depuis l’autre bout du jardin, allongé sur les pelouses environnantes ou bien debout tout autour. L’introduction de François-Xavier Szymczak et les interventions des officiels retardent le début de près de 20 minutes, mais chacun écoute patiemment et applaudit sagement. Voilà une affluence qui surprend et qui réconforte en même temps, alors qu’est régulièrement déploré le peu d’intérêt que suscite en France la musique dite «classique».
Cela étant, comme on pouvait s’y attendre, le Luxembourg n’étant ni la Waldbühne, ni La Roque d’Anthéron, ni peut-être même le jardin royal de Lazienki à Varsovie dont ce festival parisien dit s’inspirer, les conditions ne sont pas optimales: les notes ont tendance à s’évaporer dans les airs, le podium n’étant entouré que d’une fine toile noire qui ne suffit évidemment pas à orienter le son dans la bonne direction. Une amplification a certes été mise en place, mais même les discours liminaires étaient difficilement audibles au-delà des rangées de chaises. Et ce n’est pas seulement «le son lointain», pour reprendre le titre de l’opéra de Schreker, mais un compositeur de tempérament volontiers intime, sinon réservé, pas vraiment idéal pour le plein air et ramené au statut de musique de fond entre des cris et conversations divers, ou un hélicoptère survolant au loin la capitale en raison de l’arrivée du Tour de France cycliste, sans compter les chaussures, poussettes et valises faisant crisser le gravier. En fin de compte, c’est sur le côté, en contrebas de la scène, que l’acoustique se révèle la moins insatisfaisante, et l’on peut même y voir l’orchestre, le soliste et le chef de trois quarts grâce à la large ouverture dans la toile ménagée à jardin – c’est le cas de le dire – afin de laisser entrer les musiciens. C’est néanmoins pour découvrir que la formation polonaise n’est pas à son avantage, tandis qu’il demeure vraiment difficile d’apprécier correctement la prestation de Piotr Paleczny.
Mais l’important, dans ce type d’événements, c’est l’effet de masse: si ne serait-ce qu’un pourcent des auditeurs va acheter le disque ou réécouter les œuvres sur YouTube, le pari est largement gagné!
Le site de «Chopin au jardin du Luxembourg»
Le site du Sinfonia Varsovia
Simon Corley
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