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Brasser les époques Saint-Riquier Abbeville, Chapelle du Carmel 07/09/2010 - et 7 juillet 2010 (Pierrefonds) Aaron Copland : Fanfare for the Common Man
Henri Tomasi : Fanfares liturgiques
Giovanni Gabrieli : Canzon XII
Benjamin Britten : Russian Funeral
Ivan Jevtic : Il revient au printemps
Chris Hazell : Play for a play
Georg Friederich Haendel : Music for the Royal Fireworks, HWV 351 ONE Brass Orchestra, Arie van Beek (direction)
Arie Van Beek
Le Festival de Saint-Riquier, dont la vingt-sixième édition se déroule du 7 au 21 juillet (voir ici), rayonne autour de son berceau, ce qui permet aux festivaliers les plus assidus de parcourir cette charmante région. Quelques concerts ont lieu cette année à Abbeville comme celui du 9 juillet après-midi en la chapelle du Carmel, secrètement située dans la rue des Capucins. Programme significatif de la politique de cette manifestation : de la musique peu souvent entendue mêlée à des pages plus célèbres exécutées par une formation plutôt insolite. Sous l’impulsion de l’Orchestre de Picardie depuis 2004, l’ONE, initiales d’Orchestra Network for Europe, consiste en un réseau d’orchestres professionnels dont le maître-mot est « mobilité » (des interprètes, des compositeurs et des œuvres), le tout animé par un soucis de « dialogue culturel inter-européen ». Des instrumentistes se sont tout récemment réunis pour constituer l’ONE Brass Orchestra qui se produit pour la première fois en ce mois de juillet.
D’origine franco-serbe et présent à cette occasion, Ivan Jevtic (né en 1947) leur a composé Il revient au printemps qui fait prendre conscience du potentiel expressif et de la palette de couleurs des cuivres. Autre contemporain, Chris Hazell (né en 1948) est l’auteur d’une suite en trois mouvements, Play for the play, qui figure au répertoire habituel des ensembles de ce type. Les autres compositeurs retenus sont soit morts depuis longtemps, comme Giovanni Gabrieli (Canzon XII) et Haendel (la fameuse Musique pour les feux d’artifice royaux), soit appartiennent au XXe siècle. Fanfare for the Common Man de Copland ouvre le concert de façon assourdissante compte tenu de l’acoustique et des dimensions somme toute modestes de la chapelle. Si Britten n’est plus à présenter, son vaste catalogue recèle des pièces méconnues comme ces Funérailles russes, une de ses rares pour vents et écrite durant sa jeunesse, peu avant la Seconde Guerre mondiale. Sans doute l’œuvre la plus intéressante du programme, les fantastiques Fanfares liturgiques tirées de Don Juan de Manara de Tomasi démontrent le potentiel poétique et le sens des nuances, notamment dynamiques, de cette formation qui, malgré la chaleur et l’exigence de ce copieux programme, conserve un excellent niveau de maîtrise individuelle et collective, une sonorité admirable, parfois onctueuse, ainsi qu’une appréciable clarté de propos. Fraîchement nommé directeur musical de l’Orchestre de Picardie, Arie van Beek les dirige avec rigueur et annonce lui-même la pause en expliquant, en français, la fatigue que provoque cette musique sortant de l’ordinaire.
Le site de l’ONE
Le site d’Arie van Beek
Le site d’Ivan Jevtic
Sébastien Foucart
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