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Très haut niveau

Paris
Orangerie de Bagatelle
07/05/2010 -  
Robert Schumann : Arabeske, opus 18 – Phantasie, opus 17
Frédéric Chopin : Etudes, opus 10
Franz Liszt : Etudes d’exécution transcendante: Chasse-Neige – Feux follets – Allegro agitato molto

Igor Tchetuev (piano)


I. Tchetuev (© Eric Manas)


Quatre jours après le Premier concerto de Tchaïkovski avec l’Orchestre national et Neeme Järvi (voir ici), Igor Tchetuev donne dans le cadre du Festival Chopin un programme à la fois dense et périlleux. Cette vingt-septième édition est celle des bicentenaires de 2010 et le pianiste allemand d’origine ukrainienne, premier prix au concours Rubinstein de Tel Aviv (1998) puis quatrième prix au concours de Leeds (2003), dédie donc la première partie de son récital à Schumann. Dans l’Arabesque (1839), il fait alterner fluidité du refrain et tempo plus fluctuant des couplets, ménageant une conclusion intensément poétique. Plus contrôlé que passionné, le premier mouvement de la Fantaisie (1836) présente les mêmes qualités de sonorité et de toucher, mais aussi la même petite tendance à juxtaposer les épisodes plutôt qu’à tenter de les unifier – après tout, c’est sans doute le propre d’une fantaisie – et s’achemine lui aussi vers une coda particulièrement réussie. Dans le deuxième mouvement, le brio et la puissance n’excluent nullement la subtilité, hormis une péroraison hâtive, brutale et approximative. Ferme, sans alanguissement ni pathos, le dernier mouvement réserve quant à lui des moments d’une magie immatérielle.


Après l’entracte, Tchetuev se lance dans les douze Etudes de l’Opus 10 (1829-1832). Dès la Première, il annonce la couleur: ce ne sera pas une succession tapageuse d’exercices virtuoses, même s’il en possède évidemment les moyens, mais une interprétation qui prend le risque de ne pas tricher sur la pédale afin de favoriser la clarté de l’articulation, comme ensuite dans les Quatrième et Septième. La Deuxième impressionne par son legato quasi perlé et la Cinquième évoque l’orchestre, moins par la force que par la couleur et la lisibilité des différentes voix. Tout en souplesse (Dixième et Onzième), ce Chopin ne pèse jamais – la légèreté tourbillonnante de la Huitième s’impose comme une évidence – ni ne tombe dans l’excès: la Troisième et la Sixième sont opportunément rendues à leur simplicité, la Neuvième est frémissante et la Douzième, plus engagée, ne s’autorise pas pour autant de débordements malvenus.


Cette soirée de très haut niveau prend fin avec trois des douze Etudes d’exécution transcendante (1852) de Liszt: «Chasse-Neige» magnifiquement réalisé, où le vent souffle de manière spectaculaire, «Feux follets» élégants et éblouissants à la fois, pendant que sont allumés au dehors les photophores qui guideront les pas des spectateurs à l’issue du concert, et «Allegro agitato molto» n’oubliant pas de chanter. En bis, le premier des Trois morceaux opus 2 (1889) du tout jeune Scriabine, une Etude en ut dièse mineur, est suivi de l’inévitable Tabatière à musique (1893) de Liadov que Tchetuev avait déjà choisie à Lille puis au Théâtre des Champs-Elysées, mais qui produit toujours son effet sur le public.



Simon Corley

 

 

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