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Plaisir partagé

Paris
Radio France
11/22/1997 -  
Oeuvres de Jean-Marc Singier, Betsy Jolas, Jacques Lenot, Frédérick Martin, Hugues Dufourt, Laurent Martin, Antoine Bonnet, Philippe Fénelon, Henry Fourès, Gérard Pesson et Gérard Grisey

Ensemble Fa, Dominique My (direction)

Fêter les dix ans de l'Ensemble Fa c'est surtout fêter les dix années de Dominique My à sa tête, tant cette personnalité aura su imprimer sa marque à cette formation et à son répertoire. Chef d'orchestre accompli, mais aussi pianiste de grand talent (1), Dominique My a su clairement définir les caractéristiques de la formation qu'elle dirige, elle s'en explique dans une interview reprise dans le programme : "Nous sommes partis d'une formation dont le noyau serait français, conforme au quintette de Schoenberg, c'est à dire flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano, plus percussion et cor. Soit sept pupitres". Suivre des compositeurs d'aujourd'hui dans leur vie créatrice à travers cette formation de base a été d'emblée la fonction de l'Ensemble Fa : "Dès l'origine, nous n'avons pas voulu intégrer l'outil électronique. Notre ambition portait d'avantage sur la réflexion : qu'est-ce que la création ?". Cette relation suivie entre ces compositeurs (ceux joués à ces concerts auxquels il faut rajouter notamment Tristan Murail) et cet ensemble a défini un style, un son : "Je pense que ce qui fait sa spécificité est la clarté, la transparence, la précision mêlées à une très forte énergie, une chaleur. Il n'est pas du tout desséché. Tous ceux qui participent à nos concerts ressentent aussi un réel plaisir à jouer". Et à écouter pouvons nous rajouter à l'attention des mélomanes. Un style qui fait de l'Ensemble Fa le plus "français" des ensembles voués à la création.

Farandoles de bribes, en ribambelles de Jean-Marc Singier, par sa virtuosité, sa vivacité et sa légèreté ainsi que le sensuel et virevoltant Scherzo Erotico de Frédérick Martin illustrent parfaitement ce ton et nous rappellent, beaucoup d'autres ensembles nous forcent à l'oublier, que l'humour a toute sa place dans la création contemporaine. Cette "précision mêlée à une chaleur" se retrouve aussi dans Paysage de fantaisie de Jacques Lenot, sorte de concerto pour piano en miniature, ou dans la pointilliste et subtile Fantaisie d'Antoine Bonnet mais peut aussi dégénérer dans la confusion et l'anecdote (Post Cards de Henri Fourès). Cependant, une certaine intériorité peut s'affirmer et se faire plénitude et beauté pure (le sublime Fragment I pour violon et violoncelle de Philippe Fénelon), fuyante et inquiète (le captivant Seraï de Laurent Martin), nocturne et calme (Quatuor VI de Betsy Jolas), mais aussi un peu lassant à force de répétition (Euclidian Abyss de Hugues Dufourt).

La révélation de ce concert, qui a autant flatté l'oreille que l'esprit, qui a porté très haut l'humour et l'intelligence est la pièce de Gérard Pesson, Branle du Poitou. S'inspirant d'une danse du moyen âge qu'il nous restitue, avec entrain, par bribes éparpillées parmi les différents instruments (à la façon d'un Helmut Lachenmann burlesque !), Gérard Pesson nous offre huit minutes de pur bonheur musical et démontre la grande richesse de son langage exigeant. Le point d'orgue de ces deux réjouissantes journées.


(1) Le piano contemporain, oeuvres de Dufourt, Lenot, Murail, Pesson, Singier et Troncin par Dominique My, Accord 205752



Philippe Herlin

 

 

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