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Programme franco-allemand Mons Eglise Saint-Martin, Horrues 06/19/2010 - Ludwig van Beethoven : Sonate pour violon et piano n°3, opus 12 n°3
Robert Schumann : Sonate pour violon et piano n°1, opus 105
Claude Debussy : Sonate n° 3 pour violon et piano
Maurice Ravel : Sonate pour violon et piano n°2 Albrecht Breuninger (violon), Piet Kuijken (piano)
A. Breuninger (© Jakob Salzmann)
Les musiciens reviennent à Horrues : Albrecht Breuninger, habitué des lieux, s’est produit lors du troisième concert de la dix-huitième édition de l’Eté musical qui se tient cette année du 12 au 20 juin (voir ici). Les inconditionnels du Concours Reine Elisabeth se souviennent probablement de ce violoniste qui remporta le deuxième prix en 1997. Depuis cette consécration, ce défenseur de raretés, comme le prouve sa discographie (Catoire, de Bériot, Lipinski, R. Kreutzer, Weingartner), développe une carrière de concertiste mais également de professeur (Hambourg, Karlsruhe) et de compositeur. Il tenait à se produire avec Piet Kuijken (fils de Wieland) qui joue aussi bien du piano que du pianoforte qu’il enseigne dans la partie néerlandophone du Conservatoire royal de Bruxelles ainsi qu’à celui d’Anvers.
Plus qu’une mise en condition, la Troisième Sonate (1796-1798) de Beethoven illustre d’emblée l’esprit chambriste du pianiste et la fougue de son partenaire qui n’hésite pas à prendre des risques au prix de quelques accrocs. Leur lecture animée et relativement personnelle possède autant de carrure que de souffle et se caractérise par une palette dynamique large et nuancée. Les interprètes respirent en commun dans la Première Sonate (1851) de Schumann qu’ils parviennent à clarifier et à fluidifier malgré une écriture pour le moins chargée. Là aussi, lyrisme et expression constituent autant de maître-mots.
P. Kuijken (© Bert Janssens)
Cette œuvre que le compositeur lui-même n’appréciait guère a été permutée, par rapport à l’ordre indiqué dans le programme, avec la Sonate (1917) de Debussy qui est dès lors couplée, après la pause, avec la Seconde (1922-1927) de Ravel. D’origine franco-allemande, ce qui se reflète dans le choix des partitions, Albrecht Breuninger y évolue avec naturel et aplomb. Valorisé par l’agréable acoustique de l’église d’Horrues, le travail sur le son ne cesse d’épater au même titre que la tenue d’archet qui semble glisser sans résistance. L’investissement et la maîtrise du violoniste ne constituent pas la seule satisfaction de la soirée dans la mesure où Piet Kuijken, qu’il serait intéressant de retrouver en solo à l’occasion d’une prochaine édition, livre des merveilles de raffinement. Deux bis viennent conclure cette prestation : le Tango d’Albéniz dans la transcription de Kreisler ainsi qu’une brève et aimable pièce de Villa-Lobos que le violoniste vient de découvrir mais dont il oublie de préciser le titre.
Sébastien Foucart
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