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Garder la tête haute Mons
Eglise Saint-Martin, Horrues
06/12/2010 -
Johannes Brahms : Sonate pour clarinette et piano n°2, opus 120 n°2
Robert Schumann : Märchenbilder, opus 113
Max Bruch : Huit pièces pour clarinette, alto et piano, opus 83 (n°1, 5, 6 et 8)
Wolfgang Amadeus Mozart : Trio pour clarinette, alto et piano « Kegelstatt », K. 498
Jean-Luc Votano (clarinette), Arnaud Thorette (alto), Eliane Reyes (piano)
Cinq concerts cette année au lieu de quatre en 2009 : l’Eté musical d’Horrues traverse tant bien que mal les turbulences dues aux contingences économiques, et qui faillirent compromettre son existence, mais comme le rappelle Anne-Marie Potvin, fondatrice et directrice artistique, les difficultés demeurent. Il n’y a de nouveau pas de concert « Découvertes et Jeunes Talents » et symphonique à Braine-le-Comte lors de cette dix-huitième édition, qui se tient du 12 au 20 juin, mais le programme, pour ramassé qu’il soit, reste fidèle à une politique reposant sur la qualité et le respect de l’esprit dégagé par le lieu. Des interprètes, pour la plupart belges et français, certains fidèles, comme Jean-Marc Luisada (13 juin) et Nicolas Stavy (20 juin), se produiront en musique de chambre et en récital en l’Eglise Saint-Martin d’Horrues, joyau de l’art roman et berceau du festival depuis ses débuts. Un hommage de circonstance sera rendu à Chopin et Schumann, tous deux nés il y a deux cents ans, et, pour la petite touche d’originalité, l’ensemble Soledad jouera du Piazzolla le 19 juin – ce sera la première fois que de l’accordéon retentira dans cet édifice lors de cette manifestation annuelle.
« Rencontre » en constitue un des maîtres-mots : de ce fait, Jean-Luc Votano, Arnaud Thorette et Eliane Reyes n’étaient jamais apparus ensemble sur scène, ce qui est maintenant chose faite à l’occasion de cette soirée d’ouverture qui a suscité une affluence pour le moins décevante. Premier soliste de l’Orchestre philharmonique de Liège depuis l’âge de vingt ans, le clarinettiste témoigne de son perfectionnisme et de son aisance dans la Seconde des deux Sonates pour clarinette (1894) que Brahms a composées à l’automne de sa vie pour Richard Mühlfeld. Aucune vaine virtuosité mais une évidence fondée sur un contrôle du souffle et un sens des nuances admirables. Accompagnatrice d’exception allant droit au but, Eliane Reyes entoure avec chaleur la prestation de son partenaire. Evoluant dans un répertoire éclectique, comme l’indique la belle brochure sur papier glacé, Arnaud Thorette prend place à sa tour dans le chœur pour une autre œuvre d’extrême maturité, mais de Schumann cette fois, les Märchenbilder (1851) dont il cerne avec acuité la dimension expressive, alliage de poésie, de rêve et de mélancolie typique du compositeur.
Tous sont réunis en seconde partie pour quatre extraits des Huit pièces pour clarinette, alto et piano (1911) de Bruch que Jean-Luc Votano et Arnaud Thorette ont remarquablement enregistrées, mais avec Johan Farjot, pour Cyprès : conscients de la complémentarité de leur timbre, ils traduisent avec exactitude l’indéfinissable charme de ces miniatures décantées. Amusé par le nettoyage consciencieux auquel se livre ensuite le clarinettiste sur son instrument, Arnaud Thorette déclenche un fou rire potache qu’autorise par ailleurs l’ambiance à la fois chic et décontractée de ce festival. De ce fait, le plus connu Trio « des Quilles » (1786) de Mozart ne part finalement pas « en couille », dixit non sans malice Eliane Reyes, mais baigne dans le divertissement, la tendresse et l’allégresse tandis que la tenue instrumentale reste de premier ordre. En guise de bis, les musiciens, visiblement complices, exécutent la Sixième des Huit pièces de Bruch qui auront probablement constitué pour le public une agréable découverte et qui méritent d’être entendues dans leur intégralité.
Le site de l’Eté musical d’Horrues
Le site de Jean-Luc Votano
Le site d’Arnaud Thorette
Le site d’Eliane Reyes
Sébastien Foucart
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