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«Folle journée» du piano Lille Conservatoire 06/12/2010 - Frédéric Chopin : Nocturnes, opus 15 n° 1 et opus 27 n° 2 – Fantaisie, opus 49 – Prélude, opus 45 – Scherzo n° 4, opus 54
Serge Rachmaninov : Etudes-Tableaux, opus 33
Nikolaï Lugansky (piano)
La septième édition de «Lille Piano(s) Festival» met la métropole nordiste à l’heure du piano, sous l’impulsion de son Orchestre national: une sorte de «Folle journée» du clavier, avec ses six sites accueillant 37 manifestations, dont un quart gratuites et les trois quarts à des prix démocratiques (ne dépassant pas 15 euros à plein tarif). En récital, en duo, en concertos ou en classe de maître, grands noms et espoirs se succèdent du vendredi après-midi au dimanche après-midi: Joaquín Achúcarro (remplaçant Aldo Ciccolini, hospitalisé), Paul Badura-Skoda, Till Fellner, Claire-Marie Le Guay, Georges Pludermacher, ... Seule la musique de chambre échappe à cette déclinaison tout azimut, qui n’oublie en revanche ni le jazz (Zool Fleischer, Maurice Vander, ...), ni le jeune public (animations-découvertes, spectacle autour de Pierre et le loup avec Francis Perrin), ni les autres arts (film muet accompagné en direct, récital-projection de Jean-Philippe Collard autour des Tableaux d’une exposition au palais des Beaux-Arts). Année culturelle franco-russe oblige, la Russie est à l’honneur, tant son répertoire que ses interprètes: ainsi de ce récital de Nikolaï Lugansky le samedi en début de soirée à l’auditorium du Conservatoire, qui affiche évidemment complet.
Deux jours après un fort beau Concerto de Grieg à Pleyel (voir ici), il reprend une grande partie du programme du disque qu’il vient de consacrer à Chopin chez Onyx (voir ici), dans un ordre légèrement différent de celui indiqué dans la feuille remise aux spectateurs. Deux Nocturnes, le Premier de l’Opus 15 (1831) aux basses grondantes mais parfaitement timbrées, puis le Second de l’Opus 27 (1835), où le chant se cantonne à une simplicité quasi mozartienne, installent d’emblée ce concert sur les sommets. Plus apollinienne que fantasque, traversée par des états changeants qu’unifie un jeu magnifique, la Fantaisie en fa mineur (1841) est suivie d’un Prélude en ut dièse mineur (1841) élégant et sans affectation. Après un Quatrième scherzo (1842) étincelant, où Lugansky allume des feux follets lisztiens tout en mettant en valeur la poésie de la section centrale, il ne sera pas possible de parler à son propos de froideur ou de manque d’expression.
Rachmaninov demeure l’un de ses compositeurs d’élection: avant de clore le festival avec son Troisième concerto, il donne l’intégralité des huit Etudes-Tableaux (1911): puissance, technique, refus des effets, diversité orchestrale des plans sonores et des timbres, il possède toutes les qualités requises pour magnifier ces pages et y triompher. Le public obtient un bis – retour à Chopin, avec la Deuxième des trois Valses de l’Opus 64 (1847), où le pianiste russe semble plus libre qu’à l’accoutumée – mais il est déjà grand temps de se rendre au Nouveau Siècle pour le concert du soir.
Le site de Lille Piano(s) Festival
Simon Corley
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