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Retour au silence

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/01/2010 -  
Johannes Brahms : Sérénade n° 2, opus 16 – Concerto pour violon, opus 77
Charles Ives : Orchestral Set No. 1: Three Places in New England – The Unanswered Question

Sergey Khachatryan (violon)
Ensemble orchestral de Paris, Thierry Fischer (direction)


T. Fischer (© Chris Stock)


Flûtiste à l’Opéra de Zurich puis à l’Orchestre de chambre d’Europe, Thierry Fischer (né en 1957) se consacre à la direction d’orchestre depuis près de vingt ans et cumule aujourd’hui des postes permanents sur trois continents différents: principal conductor de l’Orchestre national de la BBC du Pays de Galles (depuis 2006), directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Nagoya (depuis 2008) et music director de l’Orchestre symphonique de l’Utah (depuis septembre dernier). Il s’est déjà produit à plusieurs reprises à Paris, comme en janvier 2003 avec l’Orchestre philharmonique de Radio France (voir ici) ou en février 2007 avec l’Orchestre national de Lyon. Mais c’est avant tout avec l’Ensemble orchestral de Paris qu’on a pu l’entendre: après avoir inauguré la saison 2008-2009 (par un hommage à son compatriote Armin Jordan), il lui revenait de conclure la présente saison, dans les décors du Cosí fan tutte présenté actuellement au Théâtre des Champs-Elysées


Programme aussi copieux qu’étrange, à vrai dire, associant deux compositeurs que rien ne paraît permettre de rapprocher et présenté dans un ordre assez inhabituel, peut-être notamment en raison de l’annulation de la venue du violoncelliste allemand Claudio Bohórquez, initialement annoncé dans le Double concerto de Brahms. Pas de changement, en revanche, pour la Seconde sérénade (1859) qui ouvre la soirée dans une ambiance chambriste, avec seulement treize cordes face aux onze vents. Privilégiant des tempi allants, le chef suisse convainc par sa clarté davantage que par sa souplesse, tandis que l’orchestre se révèle sous un jour bien plus favorable qu’à l’ordinaire.


De ses Three Places in New England (1914), premier de ses «Orchestral Sets», Ives a réalisé en 1929 une adaptation pour orchestre de chambre, elle-même révisée en 1935. Il est intéressant de pouvoir entendre cette version, alors que le National avait donné celle pour grand orchestre en novembre 2006 à Pleyel (voir ici). On imagine que le temps de répétition a été compté, mais Fischer, par sa direction méthodique, détaillée et transparente, parvient à agencer avec finesse, ironie («Putnam’s Camp») et poésie («The Housatonic at Stockbridge») les éléments délibérément disparates de cette musique.


Retour à Brahms après l’entracte, avec Sergey Khachatryan (né en 1985) dans le Concerto pour violon (1878). A la différence d’Anne-Sophie Mutter voici deux semaines (voir ici), le violoniste arménien ne se fonde pas principalement sur une sonorité somptueuse. Mais de coups d’archet rageurs en ralentis narcissiques, il ne va pas vraiment au fond des choses, livrant une succession d’états d’âme et transformant l’œuvre en cheval de bataille romantique tel le Premier de Bruch ou le Concerto de Tchaïkovski, à l’image de la coda du finale, enlevée au pas de course. Mais sa prestation ne manque ni de passion ni d’engagement: les applaudissements, nourris dès la fin du premier mouvement, en témoignent, mais ne parviennent pas à lui arracher un bis.


Thierry Fischer vient alors annoncer que la saison de l’Ensemble orchestral de Paris se terminera par un retour au silence, expliquant ensuite au public toute la portée métaphysique de la «question sans réponse» – The Unanswered Question (1906) – d’Ives. Dans un concert de toux, les cordes (derrière le décor tout juste entrouvert) tissent un délicat tapis pour les sept courts appels de la trompette, depuis le haut de la salle, auxquels les deux flûtes, le hautbois et la clarinette, installées à l’avant de la scène devant le chef, ne répondent qu’à six reprises, la dernière «question» restant ainsi en suspens.


Le site de Sergey Khachatryan



Simon Corley

 

 

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