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Voies nouvelles

Fontainebleau
Eglise de Samois-sur-Seine
05/30/2010 -  
Alberto Ginastera : Quatuor n° 3, opus 40 (extraits)
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor n° 19 «Les Dissonances», K. 465
Antonín Dvorák : Quatuor n° 14, opus 105, B. 193

Maïlys de Villoutreys (soprano), Quatuor Amôn: Aymeric de Villoutreys, Mélanie Pelé (violon), Antoine Combot (alto), Wanying Emilie Koang (violoncelle)





Comme chaque année en cette saison, voici venu le temps des «Rencontres musicales» de ProQuartet. Du 13 mai au 19 juin, pour cette onzième édition dont le titre revendique l’ouverture de «Voies nouvelles», Georges Zeisel n’en reste pas moins fidèle à une programmation en deux volets: d’une part, trois samedis consécutifs sont consacrés aux «Rencontres musicales» proprement dites au Théâtre de Fontainebleau; d’autre part, les «Promenades musicales en Seine-et-Marne» permettent d’entendre dans les églises du sud du département onze jeunes ensembles, parmi lesquels huit quatuors à cordes, bien sûr, dont certains ont déjà commencé de belles carrières, comme les Bennewitz, les Voce mais aussi les Zaïde, qui viennent de remporter le prix de la presse au concours de Bordeaux (voir ici).


Un fil rouge parcourt l’ensemble de ces manifestations: «Le quatuor à cordes et la voix», à la faveur d’un nouveau partenariat avec le festival d’Aix-en-Provence et, plus particulièrement, son «Académie européenne de musique». Deux des «rencontres» du samedi seront successivement consacrées à Olivier Greif, disparu voici tout juste dix ans, et à la seconde Ecole de Vienne, mais la «promenade» proposée en cette fin d’après-midi en l’église Saint-Hilaire (XIe-XIIIe) de Samois-sur-Seine s’inscrivait également dans cette thématique de l’alliance des «cordes vocales et instrumentales», pour reprendre l’expression forgée par André Caplet.



Le Quatuor Amôn


Le Quatuor Amôn, constitué en 2007 au Conservatoire de Bruxelles au sein de la classe de Guy Danel, travaille actuellement avec Paul Katz, violoncelliste de feu le Quatuor de Cleveland, et Louis Fima, l’ancien altiste du Quatuor Arpeggione, dans le cadre de ProQuartet. Avec Maïlys de Villoutreys (née en 1986), sœur du premier violon, la formation franco-belge emprunte elle aussi des «voies nouvelles», en interprétant le rare Troisième quatuor (1973) de Ginastera. Raison de plus pour regretter que n’en soient donnés que les trois mouvements impairs, de tempo lent: pourquoi s’en tenir là, alors que les deux autres mouvements (dont l’un purement instrumental), de tempo rapide, ne durent guère plus de 7 minutes? La vision de la partition est d’autant plus tronquée que ces extraits ne sont pas donnés à la suite, mais – afin de dorer la pilule pour des spectateurs présumés rétifs à la modernité? – un par un, encadrant les deux autres œuvres du programme, même s’il n’est pas absurde de clore le concert sur le «Crépuscule» de Jiménez et «ce silence qui va rester sans son or qui va à l’éternité». Cela étant, la soprano française chante remarquablement, souvent sans filet, les poèmes de Juan Ramón Jiménez (1881-1958) et García Lorca (dont le feuillet remis au public ne comprend bizarrement qu’une traduction en anglais) – pour mémoire, le quatrième mouvement est fondé quant à lui sur un texte de Rafael Alberti (1902-1999).


Pour le reste, le Quatuor Amôn, dont la présente composition ne remonte qu’à décembre 2009, avec l’arrivée de l’altiste Antoine Combot, devra encore gagner en homogénéité, l’équilibre entre les pupitres ne paraissant pas toujours bien assuré. Trop prudent et prosaïque dans le Dix-neuvième quatuor «Les Dissonances» (1785) de Mozart, musique qui ne pardonne en outre aucune faiblesse instrumentale, il ne brille pas d’un éclat particulier. Après l’entracte, il ne manque pas grand-chose au Quatorzième quatuor (1895) de Dvorák, un peu à l’étroit dans cette acoustique assez fortement réverbérée: l’engagement y est, la mise en place aussi, mais la tension retombe parfois, faute d’une petite étincelle de personnalité, de naturel ou d’élan. En contrepoint aux dernières mesures du Lento et molto cantabile, l’angélus n’est pas si décalé que cela avec cette page dont le caractère évoque à maintes reprises le terroir et un climat pastoral. Le répertoire pour voix et quatuor étant relativement restreint, c’est un arrangement qui est offert en bis, celui de «Jota», quatrième des Sept chansons populaires espagnoles (1915) de Manuel de Falla.


Le site de ProQuartet
Le blog du Quatuor Amôn



Simon Corley

 

 

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