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Les surprises de Bagatelle Paris Orangerie du parc de Bagatelle 05/23/2010 - César Franck : Prélude, Fugue et Variation, opus 18, FWV 30 (arrangement Dewey Owens) (#)
Jacques Offenbach : Duo pour deux violoncelles en ut
Franz Schubert : Ständchen, D. 957 n° 4 – Gretchen am Spinnrade, D. 118 – Die Forelle, D. 550 (arrangements John Thomas) (*)
Serge Rachmaninov : Deux pièces pour piano à six mains (* + &)
Pablo de Sarasate : Zigeunerweisen, opus 20 (~)
George Gershwin : Trois préludes (&)
Albert Lavignac : Galop-Marche
Marielle Nordmann, Anja Linder (#) (harpe), Amaury Coeytaux (violon), Maja Bogdanovic, Christian-Pierre La Marca (violoncelle), François Dumont (*), Xénia Maliarevitch (+), Victorien Vanoosten (~), Jonas Vitaud (&) (piano)
L’habitude en est désormais prise par un public familial – y compris des enfants trop jeunes pour ce type d’activité: pour la troisième année consécutive, l’Orangerie du parc de Bagatelle accueille, durant le week-end de la Pentecôte, les «Musicales», festival des lauréats, anciens et actuels, de la fondation d’entreprise Banque populaire. La liste des bénéficiaires de ses aides, près de deux cents depuis 1992, ressemble à un véritable bottin de tout ce qui compte dans les générations récentes de musiciens en France: Nicholas Angelich, Nicolas Bacri, Emmanuelle Bertrand, les frères Capuçon, Bertrand Chamayou, David Guerrier, François-Frédéric Guy, Juliette Hurel, Laurent Korcia, Thierry Pécou, Antoine Tamestit, Cédric Tiberghien, les quatuors Ebène, Modigliani et Voce, ... Depuis dix ans, le jury de sélection des candidats à ce précieux soutien d’une durée de trois ans est présidé par Marielle Nordmann, directrice artistique de ces journées: chacun des cinq concerts a son «parrain» ou sa «marraine», celle du divertissant programme «Surprises, surprises!» – dont le contenu, tout à fait adapté au dimanche matin, avait été gardé secret – n’étant autre que la harpiste française elle-même.
Elle se produit d’abord en duo avec son élève Anja Linder (née en 1975) dans le triptyque Prélude, Fugue et Variation (1863) de Franck, à l’origine pour orgue (ou deux claviers) mais habilement arrangé par le harpiste américain Dewey Owens (1925-2006): devenue paraplégique après un accident survenu en 2001 au cours d’un concert en plein air, la jeune Strasbourgeoise a toutefois pu reprendre sa carrière quelques années plus tard. Elle le doit en particulier au dispositif automatique de changement de pédales conçu en 2005 à son attention par l’ingénieur et pianiste Jean-Marie Panterne: baptisé «Anjamatic», ce mécanisme électropneumatique est préalablement programmé par l’exécutant. Cette leçon de vie et d’espoir évoque ainsi l’un des autres domaines d’intervention de la fondation organisatrice, qui s’intéresse en effet par ailleurs à l’aide aux personnes handicapées et aux projets d’intérêt général.
La suite n’est guère plus ordinaire, à l’image du duo de violoncelles, formation rare, quoiqu’illustrée avec bonheur par les six livres de Duos (1847) à visée pédagogique d’Offenbach, lui-même virtuose de l’instrument: Maja Bogdanovic (née en 1982) et Christian-Pierre La Marca (né en 1983) donnent du Duo en ut une lecture témoignant d’une parfaite entente autant que d’une belle qualité technique. Harpe et piano, avec Marielle Nordmann et François Dumont (né en 1985), voilà aussi de quoi surprendre: les titres des trois lieder de Schubert adaptés par le harpiste et compositeur gallois John Thomas (1826-1913) ne sont pas précisés dans l’épais programme remis gratuitement aux spectateurs, qui se concentre exclusivement sur les biographies des artistes, mais chacun aura aisément reconnu la «Sérénade» du Chant du cygne (1828), Marguerite au rouet (1814) et La Truite (1817) dans des arrangements qui ont notamment pour mérite de répartir équitablement les rôles entre les deux parties.
Plus attendus sont évidemment les Airs bohémiens (1878) de Sarasate, mais ils demeurent redoutablement efficaces, même quand le violoniste n’y fait pas des tonnes et privilégie la finesse, tel Amaury Coeytaux (né en 1984), vainqueur du concours Rodolfo Lipizer en 2006 et premier violon solo de l’Orchestre d’Auvergne, accompagné par Victorien Vanoosten (né en 1984), nouvelle recrue de la fondation. Jonas Vitaud (né en 1980) donne ensuite une interprétation énergique des Trois préludes (1926) de Gershwin. Dès qu’il y a pléthore de pianistes, en l’occurrence quatre – outre les trois précédemment nommés, Xénia Maliarevitch (née en 1980) – le répertoire se raréfie: on échappe ainsi rarement aux Deux pièces (1891) de Rachmaninov – une Romance, qui débute exactement comme le mouvement lent du Deuxième concerto, puis une Valse – et encore moins au Galop-Marche d’Albert Lavignac (1846-1916). Inévitablement bissée, cette page ne manque jamais de soulever des murmures admiratifs et interloqués lorsque les quatre tabourets sont installés devant le clavier.
Le site des «Musicales de Bagatelle»
Le site de Marielle Nordmann
Le site d’Anja Linder
Le site d’Amaury Coeytaux
Le site de Maja Bogdanovic
Le site de Christian-Pierre La Marca
Le site de François Dumont
Le site de Victorien Vanoosten
Simon Corley
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