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Engourdissement

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/21/2010 -  
Richard Wagner : Siegfried-Idyll – Parsifal: Enchantement du Vendredi saint
Arnold Schönberg : Concerto pour piano, opus 42
Claude Debussy : Nocturnes

David Fray (piano)
Chœur de Radio France, Matthias Brauer (chef de chœur), Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


D. Fray


A l’origine, Riccardo Chailly devait diriger le National et le Chœur de Radio France pour deux soirées consécutives offrant notamment l’intégrale de Daphnis et Chloé de Ravel: non seulement le patron du Gewandhaus a déclaré forfait, mais le programme, profondément modifié, n’est finalement donné qu’à une seule reprise, et ce le vendredi, alors que c’est généralement le jeudi que l’orchestre se produit au Théâtre des Champs-Elysées. Un peu hétéroclite, l’affiche n’en demeure pas moins intéressante, associant deux œuvres de Wagner à deux compositeurs ayant joué un rôle capital dans la construction de la modernité au siècle passé et appartenant à une génération qui, entre admiration et rejet, a dû se définir par rapport à l’auteur du Ring.


C’est le directeur musical du National, Daniele Gatti, qui remplace son compatriote. Aussi instrumentalement aboutie soit-elle, son interprétation de Siegfried-Idyll (1870) de Wagner, avec un effectif assez fourni (60 cordes), surprend par sa lenteur, son manque d’élan et sa morosité. Cette manière de distendre le discours ne réussit pas autant qu’à Glenn Gould, qui jouait au piano son propre arrangement de cette page mais l’avait également dirigée à la fin de sa vie. David Fray (né en 1981) partage nombre de points communs avec le pianiste canadien: Bruno Monsaingeon lui a – déjà! – consacré un film (voir ici), il préfère une chaise au traditionnel tabouret, il enregistre Bach, comme en témoignent ses deux premiers disques (voir ici et ici), et il n’a pas peur de se confronter au Concerto pour piano (1942) de Schönberg. Ce choix audacieux se révèle indiscutablement payant: léger et souriant, ludique et spectaculaire, lyrique et dramatique, il confère à la partition un caractère narratif que le compositeur a lui-même suggéré en plaçant une phrase en exergue de chacun des quatre mouvements. Un engagement que partage l’orchestre, sous la dynamique férule de son chef, et qui convainc un public enthousiaste. En bis, la Courante de la Sixième partita (en mi mineur) de Bach ne manque pas de virtuosité mais paraît hâtive et saccadée.


En seconde partie, on retrouve dans les Nocturnes (1899) le Debussy moyennement idiomatique, volontiers sensuel et capiteux de Gatti, entendu ces derniers mois dans le Prélude à l’après-midi d’un faune, La Mer, les Images ou Le Martyre de saint Sébastien: voilà peut-être pourquoi le triptyque évoque ici curieusement Les Planètes de Holst – «Vénus» («Nuages»), «Mars» ou «Jupiter» («Fêtes»), «Neptune» («Sirènes»). Assises au milieu de l’orchestre, entre les cordes et les bois, les femmes du Chœur de Radio France restent sur scène pour l’«Enchantement du Vendredi saint», afin sans doute d’épargner au public un nouveau changement de plateau. De même qu’en première partie, l’aubade tardait à sortir des brumes de la nuit, le réveil de la nature qu’évoque ce célèbre moment du troisième acte de Parsifal (1882) figure un printemps encore bien engourdi, précédé d’une introduction grandiloquente. A nouveau, les musiciens ne sont nullement en cause, bien au contraire, à commencer par les beaux solos de Nora Cismondi au hautbois ou de Patrick Messina à la clarinette.



Simon Corley

 

 

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