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Les cordes à l’honneur

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/18/2010 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni (Ouverture), KV 527 – Sinfonia concertante pour violon, alto et orchestre, KV 364
Carl Philipp Emanuel Bach : Sinfonia n° 5 en si mineur, H. 661
Felix Mendelssohn-Bartholdy : Sinfonia n° 8 en ré majeur (version avec vents)

Renaud Capuçon (violon), Antoine Tamestit (alto)
Ensemble orchestral de Paris, Masaaki Suzuki (direction)


M. Suzuki (© Marco Borggreve)


Gardons-nous des idées reçues ! Non, Masaaki Suzuki ne dirige pas seulement Johann Sebastian Bach même si c’est grâce à ce compositeur qu’il a acquis une grande partie de sa notoriété et que Paris a pu l’applaudir, que ce soit au Théâtre des Champs-Elysées (ici) ou à l’église Saint-Roch (ici). Aussi, depuis quelques années, et sans pour autant devenir infidèle à l’égard de son cher Bach Collegium Japan, Masaaki Suzuki développe une intense collaboration avec divers ensembles comme l’Orchestre baroque de Fribourg, l’Orchestre de la Radio des Pays-Bas ou celui de la Tonhalle de Zurich pour aborder de nouveaux répertoires, y incluant par exemple des opéras de Georg Friedrich Händel.


Le voici donc ce soir à la tête de l’Ensemble orchestral de Paris pour un concert dont le fil conducteur est incontestablement la primauté donnée aux instruments à cordes. Certes, l’ouverture de Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) ne fait pas fatalement figure de morceau de bravoure pour les violons et autres violoncelles mais elle permet immédiatement d’apprécier la conduite de Suzuki, claire et précise sans être raide pour autant, l’Ensemble orchestral de Paris suivant avec vélocité le chef japonais. Tel n’était pas, en revanche, le même diagnostic que l’on pouvait établir à l’égard de la Sinfonia concertante pour violon, alto et orchestre puisque l’œuvre est explicitement destinée aux cordes. Composée en 1779 alors que Mozart parcourait l’Europe, elle témoigne de la probable influence subie par le jeune compositeur lorsqu’il a entendu des orchestres aussi virtuoses que ceux de Dresde ou quelque autre ville européenne. En effet, si le tissu orchestral s’avère relativement simple de facture, les mélodies confiées aux violon et alto sont facilement virtuoses même si ce n’est pas le caractère qui domine leurs interventions. D’un pas assuré, Renaud Capuçon et Antoine Tamestit entrèrent sur scène sous les applaudissements d’une salle acquise à leur cause, consciente d’entendre ce soir deux jeunes artistes parmi les plus doués de la scène instrumentale classique. La première impression qui en ressort est l’incroyable communion qui existe entre les solistes : même sens de la musicalité, même sobriété dans le jeu, mêmes attitudes (au point que Suzuki, placé entre les deux, faisait figure de véritable miroir dans lequel l’image de l’un se reflétait parfaitement dans l’autre). On soulignera tout particulièrement la beauté du deuxième mouvement, un Andante d’une exceptionnelle profondeur, Masaaki Suzuki veillant avec soin à l’équilibre général entre les pupitres (ce qui nous vaudra d’ailleurs parfois de ne pas bien percevoir les cors). Jouant chacun sur un magnifique Stradivarius, Tamestit et Capuçon furent remarquables même si le jeu du violoniste pouvait parfois souffrir de quelque affectation, due sans doute à une plus grande assurance : ce n’est peut-être pas un hasard si, au moment des saluts, il embrassa le premier violon de l’Ensemble orchestral de Paris, Deborah Nemtanu, Antoine Tamestit ne faisant que lui serrer la main !


Carl Philipp Emmanuel Bach (1714-1788) est le deuxième fils du Cantor et, certainement, le plus doué au niveau musical. Alors qu’il était en poste à Hambourg, il composa deux séries de symphonies numérotées H. 648 à H. 666 dans le catalogue du compositeur (l’authenticité de la Sinfonia H. 667 n’étant pas pleinement certaine) : une première destinée à un orchestre à cordes commandée par le baron Gottfried van Swieten en 1773, la seconde pour orchestre requérant cordes et vents (en 1775). Enchaînant les trois mouvements sans marquer la moindre pause, Masaaki Suzuki emporte véritablement le public dans une œuvre méconnue, la vivacité des mouvements extrêmes annonçant les dernières envolées de l’orchestre où chaque corde fit preuve d’une belle virtuosité.


Le lien avec Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) était évident pour conclure ce concert. C’est en effet sous l’influence des compositions de Carl Philipp Emanuel Bach que l’adolescent s’essaya à écrire, entre 1821 à 1823, treize symphonies pour orchestre à cordes. Certaines furent orchestrées par la suite pour ensemble avec instruments à vent : tel est notamment le cas de la Sinfonia n° 8 en ré majeur où les cordes se voient étoffées de flûtes, hautbois, clarinettes, bassons et cors par deux. Le deuxième mouvement (Adagio) fut particulièrement remarquable grâce aux interventions de Serge Soufflard à l’alto : l’atmosphère grave fut ainsi rendue avec une très grande conviction par l’entrée des violoncelles, bientôt suivis par les altos, les cors et les bassons. Après un troisième mouvement festif, l’orchestre s’engagea dans un Allegro molto virtuose : le triomphe réservé aux interprètes était à la mesure de l’intérêt suscité par l’interprétation de cette œuvre, là aussi trop méconnue.


Monsieur Suzuki, revenez vite !


Le site d’Antoine Tamestit



Sébastien Gauthier

 

 

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