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Trafalgar

Paris
Salle Pleyel
05/04/2010 -  
Heitor Villa-Lobos : Bachianas brasileiras n° 4, W264
Robert Schumann : Etudes symphoniques, opus 13
Isaac Albéniz : Iberia: «Fête-Dieu à Séville» (Premier cahier) – «Málaga» et «Jerez» (Quatrième cahier)
Carlos Farinas : Alta Gracia
Maurice Ravel : La Valse

Jorge Luis Prats (piano)


J. L. Prats


Un tel coup de trafalgar ne pouvait être signé que d’un Nelson (Freire): le pianiste brésilien, victime d’une tendinite, a dû annuler son récital à Pleyel. Les spectateurs déjà munis de billets pourront bien entendu se faire rembourser, mais «Piano ****» leur proposait un autre marché: rester pour entendre celui qui a accepté de remplacer Freire, Jorge Luis Prats, et bénéficier d’une invitation pour le prochain concert du pianiste cubain, le 1er février 2011. A en juger par le remplissage de la salle, une partie significative du public a opté pour cette seconde solution et, à en juger par des applaudissements de plus en plus nourris, ne l’a semble-t-il pas regretté.


Ce grand retour à Paris d’un musicien qui y a vécu en 1977 l’un de ses grands moments de sa carrière, en remportant à l’âge de 21 ans le premier grand prix du concours Long-Thibaud, mérite cependant une appréciation plus nuancée. Certes, Bachianas brasileiras n° 4 (1930-1941) de Villa-Lobos augure bien de la soirée: le toucher possède quelque chose de la subtilité et du moelleux de celui de Freire, sans arrondir systématiquement les angles pour autant; sans céder à une débauche de décibels ou d’expression, l’approche est équilibrée, tout en rendant justice au caractère symphonique de l’écriture – le compositeur en réalisa d’ailleurs une orchestration dès 1942. L’articulation est cependant trop souvent sacrifiée à une pédale trop généreuse, ce que confirment les Etudes symphoniques (1835) de Schumann, seules rescapées du programme que devait donner Freire: les imprécisions se multiplient, mais le kaléidoscope d’impressions variées, dans l’esprit de Carnaval, ne manque pas de séduction, tout à tour fantasque, fantastique ou poétique. Prise dans un tempo très vif, la longue étude finale tend toutefois à une exubérance un peu surfaite.


La seconde partie déçoit davantage. Dans trois extraits d’Iberia (1905-1908) d’Albéniz – la dernière pièce du Premier cahier, «Fête-Dieu à Séville», et les deux premières du Quatrième cahier, «Málaga» et «Jerez» – on peut lui savoir gré d’éviter les facilités de la couleur locale, mais les moyens demeurent trop en retrait des intentions. Du Cubain Carlos Farinas (1934-2002), il joue ensuite Alta Gracia (1985), un tango où alternent chromatismes tristanesques et rythmes syncopés, comme un curieux attelage entre Scriabine et Piazzolla. Au concours Long-Thibaud, Prats avait également obtenu un prix pour la meilleure interprétation d’une œuvre de Ravel: La Valse (1920) demeure l’un de ses chevaux de bataille, mais elle apparaît trop peu aboutie, confuse et manquant de cohérence entre excès de suavité et d’excès percussifs.


Les bis laissent libre cours au cabotinage, dans les attitudes comme dans le jeu, avec d’abord deux autres compatriotes: Ignacio Cervantes (1847-1905) et six charmantes Danses cubaines, puis Ernesto Lecuona (1896-1963) et une distrayante petite Mazurka en glissando que Prats a lui-même arrangée. Enfin, l’arrangement par Liszt (1867) de la Mort d’Isolde (1859) de Wagner peut être qualifié, pour ménager aussi bien la pudeur que l’honnêteté, de techniquement et stylistiquement contestable.



Simon Corley

 

 

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