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Une carrière double Paris Cité de la Musique 10/26/1997 - Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n°35 "Haffner" - Symphonie concertante pour instruments à vent
Modeste Moussorgski/Maurice Ravel : Tableaux d'une exposition Orchestre des étudiants du Conservatoire, Leon Fleisher (direction) Né en 1928, Leon Fleisher commence par une carrière éclair de pianiste (premier récital public à l'âge de six ans), placée sous les meilleurs auspices (choisi par l'un des plus grands pianistes du siècle, Arthur Schnabel, pour être son élève durant dix ans) et très vite couronnée par les concerts, les enregistrements (avec Georges Szell notamment) et les prix (premier américain à remporter, en 1952, le Concours Reine Elisabeth). Mais cette trajectoire idéale se brise à partir de 1960 avec la maladie, la paralysie de sa main droite dont il ne retrouvera qu'imparfaitement l'usage après plusieurs années d'exercice. Le développement de sa carrière de chef d'orchestre à partir des années 60 ne procède cependant pas d'une opportune reconversion mais témoigne bien de son immense talent de musicien que sauront reconnaître les plus grands orchestres américains (Boston, Chicago, Cleveland) et l'un des grands festivals de ce continent, celui de Tanglewood, en le nommant directeur artistique. Le public parisien aura pu s'en convaincre aisément puisqu'en l'espace de dix jours Leon Fleisher se produisit comme soliste et comme chef. Le 17 octobre tout d'abord, à l'occasion du concert du trentième anniversaire de l'Orchestre de Paris, il interpréta le Concerto pour la main gauche de Ravel avec une profondeur, une religiosité pourrait-on dire, qui restera comme un moment de grâce de cette soirée. Le dimanche en huit c'est en chef qu'il remonte sur scène pour diriger l'Orchestre du Conservatoire de Paris, témoignage de son importante activité de master-classes tant en Europe qu'aux Etats-Unis. Le très bon niveau de l'orchestre, les cordes notamment, traduisent ses talents de pédagogue. La Symphonie "Haffner" est vive, nette, claire autant que son accompagnement, dans la Symphonie concertante pour vents est attentionné et permet aux remarquables solistes de s'exprimer (Hugues Lachaize, hautbois, Manuel Poultier, clarinette, Lionel Bord, fagott, Virginie Maillard, cor). Les Tableaux d'une exposition, écrits pour le piano par Moussorgski et portés aux dimensions de l'orchestre par Ravel, offraient comme une synthèse des deux carrières de Leon Fleisher. Mêlant poésie (Il vecchio castello), vivacité (Ballet des poussins dans leurs coques) et intensité (La grande porte de Kiev), sa lecture révèle une intelligence souveraine du texte. Deux carrières mais un même talent musical. Philippe Herlin
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