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Longue soirée

Paris
Salle Pleyel
04/27/2010 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 5, opus 73
Gustav Mahler : Symphonie n° 6

Nicholas Angelich (piano)
Sveriges Radios Symfoniorkester, Daniel Harding (direction)


D. Harding (© Mattias Ahlm/SR)


Si l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise s’est notamment fait connaître par le disque, on ne peut en revanche pas dire qu’il se produise souvent en France, ce qui rendait d’autant plus intéressante sa venue salle Pleyel. Directeur musical depuis janvier 2007 de cette institution fondée en 1965, Daniel Harding (né en 1975) s’inscrit dans une prestigieuse lignée de personnalités: Celibidache, Blomstedt, Salonen, Svetlanov et Honeck. Et, bien que né en 1975, il cumule ainsi autant de postes qu’un vétéran de la baguette, puisqu’il est par ailleurs chef principal de l’Orchestre de chambre Mahler depuis 2003, principal guest conductor de l’Orchestre symphonique de Londres depuis 2006 et «partenaire artistique» de la Nouvelle philharmonie du Japon.


Il débute à Paris une courte mais dense tournée qui, d’ici le 1er mai, fera quatre étapes en Allemagne, et à laquelle Hélène Grimaud devait être associée dans le Quatrième concerto de Beethoven. Invoquant des «raisons de santé» quelques jours après un récital avec Rolando Villazón au Théâtre des Champs-Elysées, elle est remplacée pour trois des cinq programmes par l’Allemande Alice Sara Ott et, pour les deux autres, par Nicholas Angelich, qui a préféré jouer le Cinquième concerto «L’Empereur» (1809). Le pianiste franco-américain n’a évidemment rien perdu de ses qualités, de sa solidité technique, de sa sonorité ou de sa puissance – à l’instar de leurs carrures respectives, il semble avoir pris le pas sur le chef. Se laisse-t-il néanmoins influencer par une direction volontiers alambiquée? Toujours est-il qu’on l’aura rarement connu aussi maniéré – mais tout est relatif – par exemple dans sa façon de surligner d’un petit ritardando les inflexions du discours. Le parti pris lisztien n’est pas injustifié dans ce premier grand concerto virtuose du XIXe siècle... mais le Liszt d’Angelich était autrement exemplaire de hauteur de vue. Il faut donc se contenter d’instants magiques, comme la transition entre les deux derniers mouvements, et endurer non seulement un orchestre moyennement convaincant mais surtout un Steinway de plus en plus désaccordé, jusqu’à devenir franchement pénible dans la première («Pays et gens étrangers») des Scènes d’enfants (1838) de Schumann offerte en bis.


Tout au long de la saison, la capitale n’aura décidément pas été privée de concertos pour piano de Beethoven et de symphonies de Mahler, la seconde partie du concert étant dédiée – excusez du peu – à la Sixième (1904). Harding a au moins un mérite: il n’exagère pas dans l’expression et les décibels, ne forçant pas le trait dans une œuvre déjà suffisamment riche en effets orchestraux. Mais sa vision abstraite, distante et sobre, plus rhétorique qu’intuitive, la prive en même temps d’une grande partie de sa charge dramatique, non point tant en raison d’une certaine lenteur, même si l’on approche les 90 minutes, que d’une retenue excessive et d’un manque d’urgence, perceptible dès l’Allegro energico ma non troppo (dont il respecte la reprise). Si le choix consistant à placer l’Andante moderato en deuxième position est pleinement légitime, il n’en contribue pas moins à faire retomber l’élan du premier mouvement. Apaisé, chambriste, dans l’esprit de l’Adagietto de la Cinquième, c’est cependant sans doute là le meilleur moment de cette interprétation. Après un Scherzo plus lisse et souriant que grotesque ou effrayant, le monumental Finale, ponctué de deux coups de marteau, apparaît davantage comme une succession de sections soigneusement réalisées que comme une progression inéluctable vers la catastrophe conclusive.


Dans ces conditions, l’orchestre ne peut guère s’illustrer autrement que par quelques bons soli (clarinette, trompette), d’autant que si les formations étrangères se font généralement un plaisir d’accorder au public un ou plusieurs bis, il est aisé de comprendre que les musiciens aient préféré en rester là à l’issue de cette très longue soirée.


Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise
Le site de Daniel Harding



Simon Corley

 

 

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