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En marge de Billy Budd Paris Amphithéâtre Bastille 04/26/2010 - Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor n° 1, K. 73f [80]
Benjamin Britten : Quatuors n° 1, opus 25, et n° 2, opus 36
Quatuor Diotima: Naaman Sluchin, Yun-Peng Zhao (violon), Franck Chevalier (alto), Pierre Morlet (violoncelle)
Le Quatuor Diotima (© Thibault Stipal)
En marge de la reprise de Billy Budd à Bastille (voir ici), l’Amphithéâtre programme en deux temps les Quatuors de Britten, associé à deux talents aussi précoces que le sien (Mozart et Schubert), et, pour le second concert, à son maître Frank Bridge. Louable initiative, car si le compositeur de Peter Grimes a désormais conquis sa place au répertoire de nos maisons d’opéra, sa musique de chambre demeure peu souvent jouée, particulièrement ses trois Quatuors. Or, s’ils ne manifestent évidemment pas l’ambition d’un Bartók ou même d’un Chostakovitch, ils n’en méritent pas moins une place au côté de ces grands cycles du siècle passé.
Devant des bancs qu’on aurait souhaité mieux remplis, la première soirée s’ouvre sur le Premier quatuor (1770/1774) de Mozart: bien que complété quelques années plus tard par un Rondeau final que le feuillet remis aux spectateurs omet d’ailleurs d’annoncer, il conserve une construction atypique, inversant le premier mouvement et le mouvement lent. Ne prenant nullement à la légère ce coup d’essai, le Quatuor Diotima met en valeur chacun de ses épisodes, depuis un Adagio à la simplicité très étudiée jusqu’à un Rondeau fin et sans mièvrerie, en passant par un Allegro pétillant et spirituel puis un Menuetto élégant et sans fadeur.
Chemise, pantalon et chaussures déclinant les gris du clair au foncé et faisant ressortir ainsi le rouge éclatant de leurs chaussettes, les musiciens font preuve d’une grande fiabilité technique, qui n’est pas de trop pour aborder le Premier quatuor (1941) de Britten, débutant, la tête dans les étoiles, par de redoutables harmoniques. Confirmant l’aisance de l’auteur de la Simple Symphony, des Variations sur un thème de Frank Bridge et des Illuminations dans l’écriture pour les cordes, l’œuvre culmine dans l’Andante calmo, subtil jusqu’à l’évanescence.
Après la pause, le Deuxième quatuor (1945), bien que s’achevant sur une monumentale Chaconne motivée par le deux cent cinquantième anniversaire de la mort de Purcell, ne se départit pas d’une facture néoclassique. Continuant de privilégier une méticulosité analytique sur toute tentation de pathos, les interprètes trouvent toutefois davantage matière à s’extérioriser, que ce soit dans un arachnéen Vivace avec sourdines ou dans les soli (violoncelle, alto, premier violon) qui se succèdent dans la Chaconne. Le Quatuor Diotima s’en tiendra là, alors que plusieurs partitions de jeunesse exclues de cette intégrale (deux quatuors, un Quartettino et les Trois divertimenti) offraient d’intéressantes possibilités de bis.
Le site du Quatuor Diotima
Le site de la fondation Britten-Pears
Simon Corley
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