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Le compositeur oublié

Paris
Nanterre, Maison de la musique
10/10/1997 -  
Gian Francisco Malipiero : Don Giovanni
Jacques des Longchamps (Don Juan), Anne-Marguerite Werster (Donna Anna), Jean-Louis Meunier (Leporello), Nora Gubisch (Laura) Jérôme Corréas (un moine, Don Carlos), Gauthier Galet (le Commandeur, rôle muet)
Max Charruyer (mise en scène)
L'Ensemble Erwartung, Bernard Desgraupes (direction)



"Malipiero est un initiateur. Il a indiqué d'autres sources, d'autres chemins. Les origines de notre musique ne sont pas seulement italiennes, mais parfois hébraïques, orientales" affirmait Luigi Nono de celui qu'il avait connu, tout comme son ami Bruno Maderna d'ailleurs, comme professeur au Conservatoire de Venise. Gian Francisco Malipiero (1882-1973) ne fut en effet pas seulement l'un des plus influents professeurs de deux des plus grands compositeurs italiens d'après guerre, il élabora tout au long de sa vie une riche œuvre musicale, qu'on en juge : plus de trente opéras, onze symphonies, six concertos pour piano, huit quatuors à cordes, … Si son style allie néo-classicisme et lyrisme, il ne s'enferme cependant pas dans ces catégories et sait trouver des influences plus exotiques ou plus novatrices (certains passages tendus et austères ne sont pas sans évoquer le style des compositions du Luigi Nono des années 50). Son œuvre reste cependant totalement inconnue en France puisque l'opéra que nous proposait Opéra en Ile de France, créé en 1963 au Théâtre San Carlo de Naples et repris l'année suivante à la Fenice de Venise sous la direction de Bruno Maderna, était donné en création française !

Inspiré du Convive de Pierre de Pouchkine, le livret resserre l'action (l'opéra dure moins d'une heure et demi) autour de la relation entre Don Giovanni et Donna Anna dont le Commandeur n'est plus le père, comme dans l'opéra de Mozart, mais le mari. Seul détour, la deuxième scène dans laquelle Don Giovanni retrouve l'une de ses anciennes conquêtes - Laura - et tue son prétendant, Don Carlos. Prenant l'habit d'un moine, Don Giovanni séduit Donna Anna, puis lui révèle son identité - le meurtrier de son mari - en même temps que son amour pour elle. Celle-ci succombe mais s'évanouie aussitôt après lorsqu'elle voit la statue du Commandeur s'approcher pour prendre la main de son rival et l'emporter dans la mort.

L'œuvre s'écoute d'un trait, nul temps mort ne vient la ralentir, et ménage de très beaux passages pour la voix. Le plaisir devient très grand comme, lorsque ce soir, les interprètes réunissent toutes les qualités nécessaires, à savoir des voix superbes, notamment celles d'Anne-Marguerite Werster et de Nora Gubisch, des instrumentistes précis et incisifs comme ceux de l'Ensemble Erwartung ainsi qu'une mise en scène simple et efficace. Espérons que cet événement ne restera pas isolé et qu'il invitera les institutions et le public a découvrir l'œuvre trop longtemps négligée de Gian Francisco Malipiero.


Philippe Herlin

 

 

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