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Sortilèges initiatiques Lausanne Salle Métropole 04/16/2010 - et 17, 18, 21* avril 2010 Maurice Ravel: L’Enfant et les sortilèges, version de chambre pour quatuor de Didier Puntos
Solenn’ Lavanant-Linke (L’enfant), Sibyl Zanganelli (La maman/La tasse chinoise/La libellule), Benoît Capt (Le fauteuil/L'arbre), Prune Guillaumon (La bergère/Le pâtre/La chatte/L'écureuil), Liliana Faraon (Le feu/La pastourelle/Le rossignol/Une chouette), Alexandre Diakoff (L'horloge comtoise/Le chat), Stuart Patterson (La théière/Le petit vieillard/La reinette), Julie Martin du Theil (La princesse/La chauve-souris)
Ensemble instrumental de l’Opéra de Lausanne (José-Daniel Castellon – flûte, Pascal Michel – violoncelle, Marie-Cécile Bertheau et Didier Puntos – piano à 4 mains), Didier Puntos (direction musicale)
Benjamin Knobil (mise en scène), Jean-Marie Abplanalp (décors), Sébastien Guenot (costumes), Olivier Falconnier (conception et réalisation masques), Henri Merzeau (lumières)
(© Marc Vanappelghem)
Vision rafraîchissante à la salle Métropole: des dizaines de chères têtes blondes – assises sur des rehausseurs de sièges ou sur les genoux de leurs parents – s’extasient joyeusement à chaque entrée en scène d’un nouveau personnage: une tasse, une horloge, une poêle, une théière, sans parler des animaux, qui suscitent les commentaires les plus animés… Le rêve de tout directeur de théâtre est devenu réalité à Lausanne, pour 5 représentations de L’Enfant et les sortilèges destinées aux bambins ainsi qu’à leurs frères et sœurs plus âgés, quand bien même l’ouvrage n’a pas été spécialement composé pour le jeune public.
La partition de Ravel est d’une richesse d’autant plus remarquable que l’œuvre est brève. L’Opéra de Lausanne ayant opté pour une version à trois instruments, on pouvait avoir tout lieu de craindre un appauvrissement. Or il n’en a rien été. Certes, les 4 musiciens ne remplacent pas tout un orchestre, mais ils restituent avec finesse la substance de la musique de Ravel, chaque instrument (flûte, violon et clavier) évoquant à sa manière tel ou tel aspect de la partition originale, pour en rendre toute la complexité.
Dans les magnifiques décors aux proportions déformées de Jean-Marie Abplanalp et les superbes costumes de Sébastien Guenot, Benjamin Knobil a conçu un spectacle d’une grande intensité poétique, où, au-delà du côté fantastique de la fable, l’enfant traverse une épreuve initiatique vers l’âge adulte, en se révoltant contre sa mère. Les nombreux rôles vocaux sont confiés à 8 jeunes chanteurs ayant pour la plupart étudié dans la région. L’ensemble est parfaitement soudé et homogène, d’un haut niveau vocal et d’une forte présence scénique. On décernera une mention particulière à l’enfant touchant dans ses accès de colère de Solenn’ Lavanant-Linke ainsi qu’à la princesse d’une infinie délicatesse de Julie Martin du Theil. L’Opéra de Lausanne fait d’une pierre deux coups: depuis quelques années, il tente de fidéliser le public de demain et donne leur chance à de jeunes talents. C’est tout à son honneur.
Claudio Poloni
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