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Véhémences postromantiques

Normandie
Théâtre du Casino de Deauville
04/22/2010 -  
Anton Bruckner : Quintette à cordes (+)
Olivier Greif : Trio pour piano, violon et violoncelle, opus 353 (*)
Dimitri Chostakovitch : Deux Pièces pour octuor à cordes, opus 11 (°)

Amaury Coeytaux ( + * °), Mi-Sa Yang (+ °), Pauline Fritsch (°), Charlotte Juillard (°) (violon), Lise Berthaud ( + °), Adrien Boisseau (°), Adrien La Marca (+) (alto), Yann Levionnois (* °), Victor Julien-Laferrière (+ °) (violoncelle), Jonas Vitaud (*) (piano)


L. Berthaud



Le troisième concert du quatorzième festival de Pâques de Deauville présentait probablement l’affiche la plus intéressante de cette année. Très intelligemment composé de pages marquées sous le signe du postromantisme et de la véhémence, il était donné dans le théâtre du casino de la ville, sorte de bonbonnière de style Louis XVI inaugurée en 1912 plus ou moins inspirée du théâtre du Petit Trianon, des tentures et rideaux en toiles de Jouy y présentant des scènes agrestes bien loin du clinquant environnant. Si l’on put entendre quelques mouettes, on échappa d’ailleurs heureusement au cliquetis des machines à sous entourant le théâtre où se produisait entre 1925 et 1931 – lointaine époque – Reynaldo Hahn à la tête de l’orchestre du casino.


La première partie était intégralement consacrée au Quintette à cordes (1879) d’Anton Bruckner (1824-1896). L’œuvre de quarante-cinq minutes n’est en rien une de ses symphonies monumentales en réduction. Certes trois de ses quatre mouvements sont dotés de codas enfiévrées rappelant les divines enflures du maître de Saint-Florian mais l’écriture y est globalement peu orchestrale et présente un bel équilibre entre les différentes voix. Les interprètes autour d’une Lise Berthaud à l’alto, qui bien que née en 1982 fait néanmoins partie désormais des vétérans du festival, ne tombèrent alors pas dans le piège consistant à alourdir le propos pour tenter d’inonder le théâtre de décibels. Au contraire, la lecture qu’ils en firent rendit pleinement justice à cette pièce au contrepoint serré et finalement rarement donnée.


La seconde partie débutait, après un propos introductif d’Yves Petit de Voize, le grand organisateur du festival, se voulant autant pédagogique sur le compositeur qui fréquenta Deauville notamment pour la création, au festival de 1998, de The Book of Irish Saints, un de ses cycles vocaux, que rassurant sur la musique à entendre, par un Trio pour piano, violon et violoncelle (1998) d’Olivier Greif (1950-2000), de la maturité du compositeur mort prématurément il y a dix ans. La partition était en tout cas de la meilleure veine du brillant pianiste qu’était Olivier Greif. Le début marqué par des clusters réalisés par les avant-bras dans le bas du clavier donnait immédiatement le ton, la gravité théâtrale du violoncelle prenant le relais. Les climats aux eaux mélangées nous firent ensuite passer par une «Java», une «Romanze» schumanienne et une étonnante fugue finale bien loin des modes. Les interprètes furent tout-à fait exemplaires, l’intensité de leur propos ne nuisant nullement à la clarté de leur discours. Peut-on mentionner tout particulièrement le jeu très sûr de Jonas Vitaud sans que les autres excellents interprètes en prennent ombrage ? Vraiment du beau piano.


L’Octuor à cordes de Chostakovitch s’inscrivaient parfaitement dans la ligne du trio d’Olivier Greif. D’ailleurs, ce dernier concevait comme telle son œuvre utilisant les notes DSCH correspondant, dans la notation anglo-saxonne, au nom du compositeur russe. L’Octuor constitué de deux mouvements composés en 1924-1925 lorsque Chostakovitch était élève au conservatoire de Leningrad est assurément une œuvre de jeunesse mais c’est bien une brillante jeunesse qui lui donna vie notamment à travers un relais de pizzicati pétillant et un Scherzo enflammé qui fut d’ailleurs bissé (dans une réalisation malheureusement nettement moins maîtrisée) pour répondre à la demande d’un trop rare public.



Stéphane Guy

 

 

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