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Messieurs les directeurs

Paris
Opéra-Comique
04/15/2010 -  et 17 (Venezia), 21 (Roma) avril 2010
Daniel-François-Esprit Auber : La Muette de Portici, ouverture
Gabriel Fauré : Ballade pour piano et orchestre en fa dièse majeur
Henri Rabaud : La Procession nocturne, poème symphonique d’après le Faust de Lenau
Théodore Dubois : Concerto pour piano n°2 en fa mineur
Ambroise Thomas : Raymond, ouverture

Vanessa Wagner (piano)
Les Siècles, François-Xavier Roth (direction)


F.-X. Roth (© Grégoire Pont)


Les « rumeurs » bruissant autour des productions de l’Opéra-Comique ne sont pas moins intéressantes que les productions elles-mêmes – c’est aussi le cas des concerts qui, à l’Opéra, accompagnent les spectacles. Si François-Xavier Roth nous a séduit par sa lecture vive et raffinée de Mignon, il nous a procuré autant de plaisir en donnant un concert de musique française intitulé, comme le poème symphonique de Henri Rabaud, « Procession nocturne ». Point commun entre les œuvres choisies : tous les compositeurs ont été directeurs du Conservatoire de Paris. Il conduisait cette fois son orchestre Les Siècles, dont la caractéristique est d’adapter – brillamment - instruments et jeu aux répertoires qu’il joue, et non plus le Philhar’.


L’Ouverture de La Muette de Portici, opéra fort populaire en son temps – au point de déclencher la Révolution belge – et trop oublié de nos jours, rend d’abord toute justice au talent d’Auber, par le dosage des plans sonores, la fraîcheur jamais sèche des couleurs, la souplesse des phrasés et un élan, une vivacité qui ne versent jamais dans le pompiérisme. La Ballade de Fauré convainc beaucoup moins, à cause du déséquilibre entre le piano et l’orchestre : alors que le chef cherche à combiner les saveurs dans une pâte sonore légère et subtile, le piano de Vanessa Wagner, curieusement, sonne droit, voire raide, et appliqué, peu adapté aux clairs-obscurs de la partition. La Procession nocturne de Rabaud, en revanche, inspirée du Faust de Lenau – chez Liszt, le premier des deux Episodes tirés du même poème – est un régal : François-Xavier Roth crée une atmosphère de mystère ténébreux et de ferveur religieuse tout en soulignant les détails de l’instrumentation, en particulier dans les timbres, avec une belle progression dans l’effet de rapprochement et d’éloignement du cortège, pour nous dire l’irrémédiable mélancolie du héros.


Que dire du Concerto en fa mineur de Théodore Dubois ? Que l’auteur du fameux Traité d’harmonie avait du métier, mais des idées un peu courtes, et que son contemporain Saint-Saëns, pourtant taxé d’académisme, se situait à cent coudées au dessus de lui. On entend d’ailleurs parfois un peu de Saint-Saëns dans ce Concerto, ainsi que beaucoup d’autres… Une musique consciencieuse, volontiers pimpante, fort agréable à l’oreille, brillamment défendue, pour le coup, par la pianiste, qu’accompagne un chef toujours aussi enthousiaste. Pour terminer, celui-ci reprend une page exhumée par Leonard Bernstein pour son mémorable concert de novembre 1981 avec le National : l’Ouverture de Raymond ou le Secret de la reine, d’Ambroise Thomas. La musique bondit, pétille, jubile sous une direction allègre, fine et élégante, jusqu’à la fin qui pourrait être si clinquante. Flamboyante Farandole de l’Arlésienne de Bizet en bis. Qu’un chef français éprouve autant de plaisir à diriger de telles partitions que des œuvres d’aujourd’hui à la tête de l’Ensemble Intercontemporain a de quoi nous réjouir.



Didier van Moere

 

 

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