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L’instinct et l’instant

Paris
Hôtel national des Invalides
04/16/2010 -  
Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 17 «Der Sturm», opus 31 n° 2, n° 18 «Die Jagd», opus 31 n° 3, n° 22, opus 54, et n° 21 «Waldstein», opus 53

Per Tengstrand (piano)


P. Tengstrand (© Alexander Kenney)


Per Tengstrand (né en 1968) consacre la saison 2009-2010 à l’intégrale des Sonates de Beethoven, qu’il interprète dans plusieurs villes d’Europe et des Etats-Unis et qu’il enregistre parallèlement pour Mindfeel, le deuxième volume devant sortir à la fin du mois. A Paris, du 6 au 23 avril, les sept concerts se répartissent entre l’Institut suédois, le grand salon de l’Hôtel national des Invalides et le foyer du Théâtre du Châtelet. Le pianiste suédois avait donné un avant-goût de cette vaste entreprise en juillet dernier aux Invalides (voir ici), où se tient son quatrième récital, à mi-chemin des sept étapes du voyage, devant un public instruit par une brève notice reprenant, sans citer sa source, un extrait du médiocre article de Wikipedia consacré au compositeur.


Dans la Dix-septième sonate «La Tempête» (1802), davantage qu’un clavier rétif, d’ailleurs généralement pas aux moments les plus périlleux, c’est l’approche qui déroute et, pour tout dire, déçoit, tant il est difficile d’y trouver une cohérence qui éclairerait la signification de l’œuvre. Effets réalisés avec soin, contrastes et surprises se succèdent jusqu’à l’incongruité: le phrasé et la pédale métamorphosent ainsi en un Klavierstück de Stockhausen le double récitatif qui amorce la réexposition de l’Allegro initial. L’instinct et l’instant continuent de prédominer dans l’Adagio, trop souvent affecté, et l’Allegretto final, plus heurté que fluide. En revanche, la Dix-huitième (1802) de caractère plus fantasque et joyeux, offre à Tengstrand, qui s’attache à y respecter plus scrupuleusement les reprises, un meilleur terrain pour exprimer son tempérament.


Les Dix-neuvième et Vingtième étant, en dépit de leur numéro, des pages bien antérieures, c’est donc la Vingt-et-unième «Waldstein» (1804) qui aurait dû suivre après l’entracte, mais le pianiste explique qu’il a préféré faire une légère entorse à la chronologie afin de ne pas porter préjudice à la «petite» Vingt-deuxième (1804), coincée entre les deux géantes Waldstein et Appassionata. Exemples à l’appui, il indique qu’il voit dans les deux thèmes du premier mouvement une opposition entre la Belle, qui serait une jeune élève de Beethoven, et la Bête, l’auteur se tournant lui-même en dérision. Voilà sans doute pourquoi le résultat paraît à la fois narratif et maniéré, sur un Fazioli inhabituellement dur et métallique, où le second thème est martelé tandis que l’Allegretto conclusif se laisse emporter par la violence, voire la brutalité.


Tout aussi superficielle, la Waldstein souffre dans son monumental Allegro con brio d’un jeu par trop spectaculaire et débridé. Le Molto adagio central offre un court répit, menant avec une grande habilité dramatique au Rondo final, qui se complaît hélas dans une démonstration de force (excessive) et de virtuosité (imparfaite). Le pianiste accorde un bis aussi exceptionnellement généreux que virtuel: les dix dernières sonates... qu’il invite les spectateurs à venir entendre dans les prochains jours à l’occasion des trois concerts restants de son cycle.


Le blog de Per Tengstrand



Simon Corley

 

 

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