Back
Festival sacrément non scénique… Paris Théâtre du Châtelet 09/27/1997 - et 30 septembre, les 3, 6, 9 et 12 octobre 1997 Richard Wagner : Parsifal Matti Salminen (Gurnemanz), Waltraud Meier
(Kundry), Monte Pederson (Amfortas), Poul Elming (Parsifal),
Günter von Kannen (Klingsor)
Klaus Michael Grüber (mise en scène)
Choeur du Théâtre du Châtelet, Orchestre
de Paris, Semyon Bychkov (direction) Lorsqu'un théâtre remonte une mise en
scène datant de plusieurs années on s'attend à découvrir
une version de référence, au moins marquante. Malheureusement
la production du Nederlandse Opera de Klaus Michael Grüber est
absolument sans intérêt, presque néfaste à l'écoute de
l'oeuvre par sa totale inefficacité théâtrale ; on a
plutôt affaire à une version de concert aménagée, les
chanteurs restant plantés face au public et le maximum
d'intensité étant atteint lorsque l'un d'eux
fait un quart de tour vers son voisin... Le deuxième acte est
carrément vulgaire avec un énorme requin empaillé (!?), des
tâches de couleur en arrière plan et une ridicule construction
en polystyrène. Le plus grave est que cette mise en scène
cultive les clichés les plus stupides courant sur l'ultime
opéra de Richard Wagner (" il ne se passe
rien ", " Parsifal est totalement
niais ", " Klingsor est un vieux
grincheux "...). On s'étonne que le Châtelet,
qui a d'habitude plus de " nez ", soit
allé faire les soldes à l'Opéra d'Amsterdam. Nul
reproche, en revanche, ne peut être fait aux autres
protagonistes de la soirée, les choeurs sont excellents, de
même que l'Orchestre de Paris - les cordes notamment,
souples et profondes - duquel Semyon Bychkov obtient un son rond
et homogène, loin des minauderies ridicules d'Armin Jordan
il y a six mois à Bastille dans la même oeuvre. La
distribution vocale est dominée par le Gurnemanz de Matti
Salminen dont le timbre chaleureux et une technique parfaite
s'allient à une émotion vraie et sincère, et par Waltraud
Meier, véritable incarnation d'une Kundry charmeuse mais -
surtout - marquée dans sa chair d'avoir ri sur le passage
du Sauveur. L'aveu de cette faute
(" Lachte ") et les tourments qui s'en
suivent font de la seconde moitié du deuxième acte un moment
inoubliable même si ses talents d'actrice sont mis sous
l'étouffoir par l'assommant Grüber. Les autres -
Monte Pederson, Poul Elming et Günter von Kannen - peu aidés
par la mise en scène, font preuve de bons moyens vocaux mais
sont moins convaincants. L'ovation du public fut
extraordinaire et méritée. On reste rêveur de ce
qu'aurait pu donner une telle distribution avec une bonne
mise ne scène… Philippe Herlin
|