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Esquisses marines

Paris
Palais Garnier
03/26/2010 -  
Felix Mendelssohn-Bartholdy : Meeresstille und glückliche Fahrt, opus 27
Ernest Chausson : Poème de l’amour et de la mer, opus 19
Benjamin Britten : Four Sea Interludes, opus 33a
Claude Debussy : La Mer, trois esquisses symphoniques

Sophie Koch (mezzo-soprano)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan (direction)


P. Jordan (© Opéra national de Paris/Johannes Ifkovits)


Après la grande salle de Bastille en novembre dernier (voir ici), c’est celle du Palais Garnier qui accueille le rendez-vous symphonique de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris avec son nouveau directeur musical, Philippe Jordan. On voudrait entendre plus souvent – en concert et sur scène – cet orchestre à la tenue impeccable et à l’exceptionnelle discipline de groupe, forgée à coups de représentations en fosse et d’humilité interprétative. On rendra plus particulièrement un hommage appuyé aux pupitres de cordes, dont la cohésion et la puissance sont mises au service d’une esthétique de la transparence et de la légèreté, tout le long d’un programme admirablement construit autour de la thématique de la mer.


Remerciant de son accueil le public lors des saluts (appuyés), le chef met la main davantage sur le ventre que le cœur, geste emblématique d’une interprétation qui prend aux tripes plutôt qu’à l’âme, qui émeut moins qu’elle éblouit, qui secoue sans bouleverser véritablement. Dès l’ouverture Mer calme et heureux voyage (1828) de Mendelssohn, l’entente avec l’orchestre est manifeste, simplifiée par une battue claire et lisible qui privilégie l’équilibre des nuances et la finesse des traits. Malgré quelques chutes de tension et une lecture sans surprises, La Mer (1905) de Debussy convainc par l’intransigeance de la mise en place instrumentale comme par la virtuosité et la souplesse de l’exécution. De même – et avant la reprise de Billy Budd à Bastille –, la formation parisienne plonge dans les Quatre interludes marins, extraits du Peter Grimes (1945) de Britten, avec énergie et rigueur. En dépit d’une battue ferme et volontiers galvanisante, la prestation paraît néanmoins plus nerveuse qu’engagée, plus appliquée qu’impliquée, dans un répertoire où l’on sent les musiciens tendus et pas toujours à leur aise.


En marge des représentations de L’Or du Rhin à Bastille où elle interprète Fricka (voir ici), Sophie Koch investit le Palais Garnier pour un Poème de l’amour et de la mer (1892) de Chausson débordant de ferveur et de drame. Si l’intonation convainc davantage que l’articulation, on ne peut s’empêcher de relever quelques aigus poussifs et même des graves manquant parfois de poitrine. Pourtant, cette partition – redoutable pour la tessiture de la mezzo française – trouve en l’élève de Jane Berbié une interprète émouvante, digne et sensible, aux qualités de tragédienne qui laissent difficilement indifférents. Au-delà, on goûte au bonheur d’un Chausson comme Paris n’en avait pas entendu depuis bien longtemps: nul doute que l’accompagnement attentif et sensible de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris – à commencer par le violoncelle à la tendresse simple et touchante d’Aurélien Sabouret – comme l’investissement de Philippe Jordan y sont pour beaucoup.



Gilles d’Heyres

 

 

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