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Un concert placé sous le signe de la fidélité

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/24/2010 -  et 23 (Birmingham, 25 (Luxembourg), 26 (Valencia), 27(Madrid), 30 (London) mars 2010
Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, opus 61 – Symphonie n° 3 en mi bémol majeur, « Héroïque », opus 55

Joshua Bell (violon)
Philharmonia Orchestra, Riccardo Muti (direction)


J. Bell


Une fois encore, le seul nom de Riccardo Muti aura attiré une foule compacte qui envahit littéralement le moindre espace du Théâtre des Champs-Elysées : on sait combien le public français lui est fidèle de sorte que chacune de ses apparitions, à la tête du Philharmonique de Vienne, du National de France ou du Symphonique de Chicago, suscite immanquablement la cohue et l’enthousiasme. La fidélité, on la retrouve également au regard des artistes de cette soirée. L’histoire tissée entre le chef napolitain et l’Orchestre Philharmonia est ancienne : comme le rappelle Rémy Louis dans son excellente notice incluse dans le programme, qui retrace l’histoire de cet orchestre mythique, Riccardo Muti a, pour la première fois, dirigé le New Philharmonia (qui a succédé au Philharmonia en mars 1964) le 2 décembre 1972 avant d’en devenir très rapidement le principal conductor. En outre, souvenons-nous que c’est sous la direction de Muti (dirigeant alors l’Orchestre de Philadelphie) que Joshua Bell a fait ses débuts de concertiste, alors à peine âgé de quinze ans. Le concert de ce soir faisait donc figure, plus que jamais, de concert de retrouvailles, la tournée devant se conclure une semaine plus tard à Londres pour la célébration du soixante-cinquième anniversaire de l’orchestre.


Intégralement consacré à Ludwig van Beethoven (1770-1827), le concert débutait par le célèbre Concerto pour violon. Alliance du chaud et du froid, Muti adoptant une conception volontairement puissante – il faut l’entendre faire vrombir les six contrebasses de l’orchestre – et classique de l’œuvre, Bell préférant une conception plus printanière (notamment dans les cadences des premier et troisième mouvements dont il est lui-même l’auteur), on pouvait craindre un décalage entre les deux hommes : il n’en fut rien. Au contraire, Joshua Bell, faisant montre d’une technique incroyable, se glisse avec volupté dans le climat plein et douillet instauré par le chef. Ainsi, le Larghetto fut absolument superbe, les musiciens (et la salle avec eux) vivant un véritable moment d’apesanteur grâce à la simplicité des motifs mélodiques d’une partition qu’on ne se lasse jamais d’écouter. Le triomphe remporté par Joshua Bell justifiait un bis : pour une fois, ce ne fut pas Johann Sebastian Bach mais le génial Souvenir d’Amérique d’Henri Vieuxtemps. Nouvelle ovation qui salue autant la maîtrise de l’instrument que la légèreté d’esprit (dans le bon sens du terme !) avec laquelle est jouée cette courte pièce rassemblant des variations sur le thème folklorique Yankee Doodle.


A un grand concerto, Riccardo Muti avait choisi de faire succéder une grande symphonie : ce fut la Troisième, achevée à Vienne en mai 1804 et créée en avril 1805. On connaît l’histoire de l’œuvre : dédiée à Bonaparte héritier des Lumières (la symphonie étant qualifiée de Sinfonia grande, intitolata Bonaparte), Beethoven en ratura la dédicace lorsque Napoléon succéda à Bonaparte, la symphonie n’étant plus que composta per festeggiare il sovvenire d’un grand’uomo (composée en mémoire d’un grand homme). Immanquablement, c’est Bonaparte à Arcole que Riccardo Muti choisit de nous peindre dans le premier mouvement : n’omettant pas la reprise, il fait avancer l’orchestre avec une fougue et un entrain digne de tous les éloges. On saluera notamment la virtuosité de la petite harmonie (quels bassons ! quel hautbois !) qui fut d’ailleurs excellente tout au long du concert. Le climat du deuxième mouvement, Adagio assai, s’avère très différent : c’est désormais Napoléon à Eylau qui vient à l’esprit. Muti, bénéficiant il est vrai d’un splendide orchestre, tend à s’enliser quelque peu dans des phrases tenues jusqu’à la dernière note mais qui ne cessent parfois de s’étirer au point de rendre l’atmosphère trop pesante. La vivacité reprend néanmoins ses droits dans un troisième mouvement virevoltant avant que le concert ne se termine dans une véritable apothéose sonore naturellement conclue par les cris et les applaudissements de la salle (et quelques roses jetées au chef...).


Cette longue histoire entre le public parisien et Riccardo Muti se conclut l’espace d’une soirée par un bis auquel le chef italien est là aussi fidèle puisqu’il l’avait déjà joué en conclusion du premier concert donné avec l’Orchestre symphonique de Chicago à la salle Pleyel, en octobre 2008 : le troisième Entracte de Rosamunde de Franz Schubert. Moment de finesse absolue : on en redemande. Dommage que cette fidélité au chef napolitain soit ternie par les perspectives de la prochaine saison musicale du Théâtre des Champs-Elysées, Riccardo Muti n’étant en effet annoncé pour aucun concert, ni à la tête du National qu’il dirige pourtant chaque année, ni à la tête d’une quelconque phalange étrangère.


Le site de Joshua Bell
Le site de Riccardo Muti



Sébastien Gauthier

 

 

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