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Pèlerinage au Rajasthan

Milano
Teatro alla Scala
03/17/2010 -  et 20*, 24, 27, 30 mars, 2 avril 2010
Richard Wagner: Tannhäuser

Georg Zeppenfeld (Hermann), Robert Dean Smith (Tannhäuser), Roman Trekel (Wolfram), Martin Homrich (Walther), Ernesto Panariello (Biterolf), Enrico Cossutta (Heinrich der Schreiber), Petri Lindroos (Reinmar von Zweter), Anja Harteros (Elisabeth), Julia Gertseva (Venus), Elena Caccamo/Barbara Massaro* (Ein junger Hirt), Barbara Massaro, Maria Eleonora Caminada, Nicolò De Maestri, Elena Caccamo (Vier Edelknaben)
Chœur de la Scala, Bruno Casoni (direction), Orchestre de la Scala, Zubin Mehta (direction musicale)
Carlus Padrissa/La Fura dels Baus (mise en scène), Franc Aleu (images vidéo), Roland Olbeter (décors), Chu Uroz (costumes)


(© Marco Brescia, Archivio Fotografico del Teatro alla Scala)


Jusqu’à quel point une mise en scène d’opéra peut-elle être en contradiction avec le livret et la musique? C’est la question – passionnante au demeurant – que pose la nouvelle production de Tannhäuser à la Scala de Milan. Cela dit, force est de reconnaître que la production conçue par Carlus Padrissa, le responsable du célèbre collectif catalan La Fura dels Baus, est une prouesse technologique et visuelle, mais aussi un spectacle émotionnellement intense et original, parfois provocateur, peut-être excessif, avec de splendides tableaux d’ensemble et plusieurs moments forts. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette mise en scène ne manque pas d’idées: une main articulée géante faisant office de fil conducteur tout au long des trois actes de la soirée, des projections vidéo, notamment de corps nus enlacés, des trapézistes et des acrobates, un bassin dans lequel évoluent deux championnes de natation synchronisée, une Wartburg transposée au Rajasthan avec force saris et turbans aux couleurs vives, des danses façon Bollywood, des processions de pèlerins vêtus de blanc, les larmes d’Elisabeth dans sa prière finale qui s'écoulent comme une cascade et, ultime provocation, des images d’archives de Jean-Paul II montrant le pape comme un être intransigeant, refusant le pardon. Malgré l’extraordinaire richesse du spectacle, les personnages sont peu caractérisés et les chanteurs le plus souvent livrés à eux-mêmes, plutôt statiques. Mais surtout, la question principale demeure, lancinante: assiste-t-on vraiment à une représentation de Tannhäuser, le «grand opéra romantique» de Richard Wagner? Si les idées ne manquent pas, on l’a dit, elles semblent n’avoir aucun lien les unes avec les autres, comme incohérentes. Et quant à savoir pourquoi les pèlerins chrétiens sont devenus hindous, on se perd en conjectures, tant la transposition semble faire violence au livret et à la musique. Est-ce un hommage au chef d’orchestre, une allusion au Kama Sutra ou une volonté de rendre le mythe universel et intemporel?


Zubin Mehta a été chaleureusement ovationné pour son retour à la Scala, où il n’avait plus dirigé depuis 1978. Sa lecture de la partition de Wagner est lente et majestueuse, presque sacrée, mais néanmoins lumineuse, riche en couleurs et en contrastes. Le chef est aussi un accompagnateur très attentif pour les chanteurs. La distribution vocale est dominée par la sublime Elisabeth d’Anja Harteros, voix ample et généreuse, magnifique de tenue et de raffinement, capable de toutes les nuances. On attend avec impatience de la retrouver sur cette même scène en Amelia de Simon Boccanegra. Georg Zeppenfeld et Roman Trekel ont eux aussi fait forte impression en respectivement Hermann et Wolfram. Le Tannhäuser de Robert Dean Smith livre, quant à lui, une performance plutôt mitigée, avec une évidente fatigue vocale au dernier acte. La Vénus de Julia Gertseva est pour sa part nettement en retrait, avec un vibrato prononcé et un manque de séduction, dans la voix en tout cas, puisque pour le reste elle endosse un somptueux costume fait de cristaux brillants.



Claudio Poloni

 

 

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