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Records

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/21/2010 -  
Gustav Mahler : Symphonie n° 6
Leonard Bernstein : Ouverture de «Candide» – Danses symphoniques de «West Side Story»

Orchestre Lamoureux, Yutaka Sado (direction)


Y. Sado (© Jun Yoshimura)


Dernier concert pour Yutaka Sado à la tête de l’Orchestre Lamoureux, dont il était le chef principal depuis 1993: à bientôt 49 ans, il quitte donc Paris, ne se sentant «plus à même, à cause d’un planning sans cesse plus chargé, d’assumer cette fonction». Un chef de tous les records pour la vénérable association symphonique parisienne, qui l’annonce fièrement dans la brochure mise en vente à cette occasion: le plus lointain, car arrivé du Japon; le plus jeune, car nommé à l’âge de 32 ans; le plus fidèle, car resté durant 17 ans; mais aussi... le plus grand, car mesurant 1 mètre 90!


Cette ultime prestation a confirmé tout ce qu’il a apporté à l’orchestre depuis leur premier concert ensemble, le 24 janvier 1993, tant sa baguette semble à chaque fois métamorphoser les musiciens. Ainsi, extrêmement décevants en décembre dernier (voir ici), ils ont assuré certes non sans dérapages ou flottements mais surtout avec vaillance un programme gargantuesque (plus de deux heures de musique), tout à fait à l’image de son chef, qui rendait ainsi un double hommage. D’une part à Seiji Ozawa, qui, alors en poste à Boston, l’invita à Tanglewood dès 1986; d’autre part à Leonard Bernstein, dont il fut l’assistant dès sa première année à ce festival, travaillant notamment sur la Sixième symphonie (1904) de Mahler.


Sans exagérer l’expression autant que le maître américain, comme on aurait pu le craindre ou l’espérer, Sado en donne une lecture remarquablement équilibrée, sans extravagances, même si, fidèle à son style extraverti et charismatique, il fait primer l’esprit sur la lettre ou l’analyse. Dès le premier mouvement (avec sa reprise), les cordes graves martèlent le rythme avec rugosité et les pavillons (hautbois, clarinettes, cors) sont levés bien haut, mais l’ensemble demeure tenu, construit, tout en laissant se déployer le lyrisme du «thème d’Alma». Le Scherzo (en deuxième position) ne verse pas dans la caricature et l’Andante moderato, suave et berceur, ne devient jamais sentimental. Le vaste Finale conclut sans rupture de tension – et avec trois coups de marteaux, dans une mise en scène à la fois spectaculaire et involontairement cocasse: le percussionniste monte sur une petite estrade placée derrière la timbalière, comme s’il allait assommer sa camarade.


Il fallait une seconde partie plus optimiste et festive, et elle ne pouvait donc être dédiée qu’à Bernstein. Sado fait pétiller et chanter sans retenue l’Ouverture de Candide (1956) puis dirige de façon électrisante et chaleureuse les «Danses symphoniques» de West Side Story (1957), présentées dans un agencement inhabituel, respectant le déroulement de l’action. Les percussions semblent parfois trop avantagées, comme souvent au Théâtre des Champs-Elysées depuis les travaux de rénovation réalisés en 2005 – il sera intéressant à cet égard d’entendre dès le 25 mars prochain Masur et le National dans cette même œuvre.


C’est une salle comble, à laquelle Sado n’a pas eu de mal à faire répéter «Mambo!», qui le salue longuement. Bernadette Gardey, violon solo (Christian Brière ayant occupé cette fonction en première partie), va chercher le chef dans les coulisses. Se déclarant très ému, il accroche sans doute un nouveau record à son tableau, celui du bis le plus long, Boléro (1928) de Ravel, à l’issue duquel il fait ses adieux à l’Orchestre Lamoureux, tout le public s’étant levé pour une ovation debout. Mais Sado, qui a déjà dirigé le National à l’automne dernier, sera de retour le mois prochain à Pleyel avec l’Orchestre de Paris dans un programme Satie, R. Strauss et Stravinski. Quant à l’Orchestre Lamoureux, il reste à lui souhaiter de trouver, au fil de «sa collaboration avec de jeunes chefs prometteurs [à] découvrir au cours des prochaines saisons», un patron de cette trempe, ou même simplement un partenariat durable avec l’un d’entre eux, à l’image de la relation privilégiée qui unit depuis longtemps Wolfgang Doerner et l’Orchestre Pasdeloup.



Simon Corley

 

 

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