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Par cœur Paris Théâtre du Châtelet 03/21/2010 - Anton Bruckner : Quatuor en ut mineur
Ludwig van Beethoven : Quatuor n° 16, opus 135
Quatuor Zehetmair: Thomas Zehetmair, Kuba Jakowicz (violon), Ruth Killius (alto), Ursula Smith (violoncelle)
Le Quatuor Zehetmair (© Keith Pattison)
Fondé en 1994 par le violoniste autrichien Thomas Zehetmair (né en 1961) et son épouse l’altiste Ruth Killius, le Quatuor Zehetmair a été renouvelé de moitié en 2005: le second violon Ulf Schneider et la violoncelliste Françoise Groben ont respectivement été remplacés par le Polonais Kuba Jakowicz (né en 1981) et par la Britannique Ursula Smith (née en 1965). Mais il n’en conserve pas moins trois particularités: une disposition inhabituelle, les deux violons se faisant face au premier plan, laissant l’alto et le violoncelle au second plan; des prestations entièrement données par cœur; des programmes mêlant pages célèbres et raretés.
Ainsi de ce Quatuor en ut mineur (1862) de Bruckner, car l’intérêt pour sa musique de chambre – déjà la portion congrue de son catalogue – ne va généralement pas au-delà de son Quintette à cordes. Et si ce dernier est une partition de maturité, écrite entre les Cinquième et Sixième symphonies, tel n’est pas le cas du Quatuor: antérieur à la Symphonie «n° 00», il ne fut édité qu’en 1955 par Nowak. De fait, le compositeur, bien qu’alors âgé de 38 ans, n’y est guère reconnaissable, plus maladroit que véritablement original. Le climat général est encore schubertien, presque Biedermeier, et l’expression demeure traditionnelle, à l’image de l’Allegro moderato initial, mélancolique forme sonate. Les deux mouvements centraux passent en majeur, un Andante puis un Scherzo très bref, qui tient d’ailleurs davantage d’un menuet, mais l’ut mineur revient pour un court Rondo conclusif. Une curiosité plus qu’un chef-d’œuvre, mais qui permet d’apprécier d’emblée l’homogénéité instrumentale du Quatuor Zehetmair, ses couleurs et phrasés très étudiés, son jeu arachnéen.
De même durée que celui de Bruckner (25 minutes), le Seizième quatuor (1826) de Beethoven est d’une tout autre portée, bien qu’extérieurement plus modeste que les quatre précédents. Sans se départir d’une précision quasi clinique, le Quatuor Zehetmair en donne une vision d’une grande fraîcheur, rendant justice à la simplicité trompeuse de l’Allegretto et à la légèreté du Vivace. Après un Lento assai tout en retenue, l’«Es muss sein!» conclut de façon résolue et sans nuages. Changement radical d’atmosphère en bis, avec le robuste et exubérant deuxième mouvement du Quatrième quatuor (1921) de Hindemith.
Simon Corley
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