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Le jour et la nuit

Paris
Cité de la musique
03/14/2010 -  
Frédéric Chopin : Polonaise en la bémol majeur opus 53 – Scherzo n°4 opus 54 – Deux Nocturnes opus 55 – Moderato « Feuille d’album » en mi majeur KK IV b/12 – Trois Mazurkas opus 56
Abdel Rahman El Bacha (piano)
Frédéric Chopin : Barcarolle opus 60 – Trois Mazurkas opus 59 – Berceuse opus 57 – Sonate n°3 opus 58
Dang Thaï Son (piano)

Six jours pour une intégrale sur des instruments du Musée : à la Cité de la musique, l’exposition « Chopin l’européen » a trouvé le plus bel accompagnement. Et si les concerts se sont suivis, ils ne se sont pas ressemblé. Entre Abdel Rahman El Bacha et Dang Thaï Son, par exemple, entendus le même jour, c’était le jour et la nuit.



A. R. El Bacha (© Marie-Claude Elsen)


Abdel Rahman El Bacha joue sur un Pleyel de 1860 au son clair, bien adapté à son jeu d’une limpidité toute classique, si classique que la Polonaise en la bémol, beaucoup trop lissée, manque de folie et d’héroïsme. Cela pourrait mieux convenir au Quatrième Scherzo, qui pâtit, malgré la clarté des lignes, d’une sobriété confinant à la neutralité. On se demande si le pianiste n’est pas trahi par son désir de lisibilité polyphonique, surtout quand on entend ces Nocturnes appliqués, où la ligne semble parfois émaciée, les ornements scrupuleusement tricotés. L’ennui guette vite, surtout dans des Mazurkas jouées avec une uniformité appliquée. Bref, une déception, d’autant plus grande qu’on a connu, dans Chopin, le pianiste franco-libanais beaucoup plus inspiré.



Dang T. S.


Avec Dang Thaï Son, lauréat du concours Chopin de Varsovie en 1980, tout change. L’Erard de 1890, d’abord, a des couleurs beaucoup plus riches, flattant la rondeur profonde et généreuse de celle du pianiste vietnamien, la densité de son jeu. Un peu retenue, la Barcarolle séduit cependant par une tension rythmique soutenue, la mise en valeur des voix intermédiaires, une sorte d’inquiétude latente. La justesse du rubato, la netteté du trait, le refus du pittoresque facile, la concentration du jeu, la différenciation des trois Mazurkas de l’opus 59 témoignent d’une intimité profonde avec l’esprit de la musique. La Berceuse confirme un art de mener les phrases à leur terme, de faire entendre toutes les parties, de rendre justice, sans tomber dans l’effet, à tout ce qu’il y a de vocalité belcantiste dans l’opus 57. Dans la Troisième Sonate, le pianiste se libère progressivement, s’abandonnant dans le finale à une volubilité jubilatoire, d’une puissance parfois volcanique, sans que la clarté en pâtisse, alors qu’il a plutôt plongé l’Allegro maestoso initial dans une obscurité ténébreuse, soucieux d’assurer aussi la cohérence de la forme, en particulier dans le développement. Entre les deux, il aura maîtrisé les fulgurances du Scherzo, épuré les phrases du Largo comme s’il jouait du Bach. La Mazurka en la mineur, donnée en bis, est d’une sobriété habitée, pensée jusque dans le dosage subtil du rubato. Dang Thaï Son a inauguré l’année Chopin en Pologne, avec les Concertos dirigés par Frans Brüggen – il existe un très beau CD, publié par l’Institut Chopin de Varsovie. Il sera en octobre membre du jury du concours Chopin, le seizième depuis sa création en 1927. Pourquoi donc les organisateurs de concerts ne l’invitent-ils pas à Paris ? Ca changerait de Lang Lang.


Le site de Dang Thaï Son



Didier van Moere

 

 

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