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Harnoncourt à la puissance 2

Zurich
Opernhaus
02/20/2010 -  et 23, 25, 28* février, 2, 4, 7 mars 2010
Wolfgang Amadeus Mozart: Idomeneo, K. 366

Eva Mei (Elettra), Marie-Claude Chappuis (Idamante), Julia Kleiter (Ilia), Saimir Pirgu (Idomeneo), Christopher Strehl/Michael Laurenz Müller* (Arbace), Rudolf Schasching (Gran Sacerdote), Pavel Daniluk (La Voce)
Ballet de l’Opernhaus de Zurich, Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Ernst Raffelsberger (direction), Orchestre La Scintilla de l’Opernhaus, Nikolaus Harnoncourt (direction musicale)
Nikolaus Harnoncourt et Philipp Harnoncourt (mise en scène), Heinz Spoerli (chorégraphie), Rolf Glittenberg (décors), Renate Martin et Andreas Donhauser (costumes), Jürgen Hoffmann (lumières)


S. Pirgu et J. Kleiter (© Suzanne Schwiertz)


A voir Nikolaus Harnoncourt diriger avec autant de vigueur et d'énergie, on en oublierait presque que le célèbre chef autrichien vient de fêter ses 80 ans. Et, dans le même temps, ses 35 ans de collaboration avec l'Opernhaus de Zurich. Tout a commencé en effet en 1975, avec L'Orfeo mis en scène par Jean-Pierre Ponnelle, prélude d'un cycle Monteverdi qui allait marquer l'histoire de l'opéra. Sur les bords de la Limmat, Harnoncourt n'a jamais voulu se cantonner dans un répertoire particulier, aussi l'a-t-on vu dans la fosse aussi bien pour Fidelio que pour La Belle Hélène et même Aida. Son premier Mozart zurichois, c’était déjà Idomeneo, en 1979, avec à nouveau Jean-Pierre Ponnelle, pour le début d'un cycle qui comprendra 8 opéras du maître de Salzbourg. Harnoncourt dirigera ensuite Idomeneo à Vienne, dans une production de Johannes Schaaf. L’ouvrage lui tient tellement à cœur qu’il a décidé de le remettre sur le métier une troisième fois, en été 2008 à Graz, en en signant également la mise en scène, en collaboration avec son fils Philipp. Les représentations zurichoises sont une reprise – remaniée – de cette production. Le chef a d’ores et déjà déclaré qu’il s’agissait là de son premier et dernier travail scénique.


Le résultat n’a rien de révolutionnaire. Dans de magnifiques éclairages de Jürgen Hoffmann se déroule un spectacle sagement classique et esthétisant, plutôt statique, avec des costumes empruntés à différentes époques et des décors se réduisant à quelques grands panneaux représentant des colonnes. Sur le plan musical en revanche, les choses sont beaucoup plus intéressantes et valent à elles seules le déplacement. Nikolaus Harnoncourt voit dans la partition de Mozart non pas un opéra seria, mais plutôt un opéra français, quoique chanté en italien, une tragédie lyrique dans laquelle le ballet occupe une place importante. Il se fonde en cela sur la version originale de 1781, créée à Munich, laquelle, malgré d'importantes coupures, comprenait un grand ballet au terme de l'ouvrage. Le chef a donc voulu réhabiliter la musique de ballet d’Idomeneo, en collaboration avec Heinz Spoerli, directeur de la danse de l'Opernhaus, ce qui constitue une excellente occasion de découvrir une page généralement sacrifiée, d’une durée de plus de 15 minutes. Et le ballet est omniprésent tout au long de la représentation, les danseurs se mêlant aux choristes pour former le peuple. Pour Nikolaus Harnoncourt, le drame est intériorisé, il se joue entre les personnages principaux, sans grandiloquence ni emphase. A la tête de La Scintilla, l’orchestre sur instruments anciens de l’Opernhaus, le chef adopte des tempi étirés et privilégie les césures, créant des pauses pendant lesquelles le temps semble d'arrêter. Il peut s’appuyer sur une équipe vocale homogène et de haut niveau: l’Ilia de Julia Kleiter – la découverte de la soirée – magnifique de clarté et de luminosité, qui forme un couple vocal idéal avec l’Idamante de Marie-Claude Chappuis, toute en finesse et demi-teintes, ainsi que l’Idomeneo vaillant de Saimir Pirgu, qu’on aurait néanmoins souhaité plus nuancé. Seule l’Elettra d’Eva Mei est légèrement en retrait, la cantatrice ne disposant pas dans la voix de la fureur nécessaire au personnage, un manque qu’elle compense par une indéniable présence scénique.



Claudio Poloni

 

 

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