Back
Un alto dans le vent Paris Théâtre du Châtelet 02/28/2010 - Franz Schubert : Sonate pour piano et arpeggione, D. 821
Benjamin Britten : Lachrymæ, opus 48
Johannes Brahms : Sonate pour alto et piano n° 1, opus 120 n° 1
Antoine Tamestit (alto), Cédric Tiberghien (piano)
A. Tamestit (© Eric Larrayadieu)
Youri Bashmet, Gérard Caussé, Nobuko Imai, Kim Kashkasian, Tabea Zimmermann: celles et ceux qui, héritiers de Primrose et Tertis, accomplissent une carrière internationale en portant haut les couleurs d’un instrument longtemps négligé ne sont pas encore si nombreux que cela, mais Antoine Tamestit, tout juste entré dans la trentaine, a d’ores et déjà rejoint ce club très restreint.
Alors qu’au Châtelet, les lointains échos du vent se font entendre jusqu’à l’intérieur même de la salle, l’altiste français débute par la Sonate «Arpeggione» (1824) de Schubert, qu’il vient d’enregistrer chez Naïve avec Markus Hadulla. Mais en ce dimanche matin, il fait équipe avec Cédric Tiberghien (né en 1975): le duo fonctionne parfaitement, se retrouvant dès l’Allegro moderato initial autour d’inflexions et phrasés très recherchés, parfois presque trop apprêtés. Mais l’archet immatériel de Tamestit fait merveille dans l’Adagio, tandis que l’Allegretto conclut de manière assez enlevée, notamment dans l’épisode de caractère magyar en ré mineur.
Après le Voyage d’hiver, la tempête évoque désormais Peter Grimes, puisque les deux musiciens poursuivent avec Lachrymæ (1950) de Britten. Dans ces «réflexions sur une chanson de Dowland», le raffinement des sonorités, la subtilité des nuances dynamiques, la qualité instrumentale, la technique, quasi infaillible, et la construction du discours forcent l’admiration. Voici tout juste un an, Tiberghien donnait en ce même lieu un récital essentiellement brahmsien (voir ici): ses affinités avec ce répertoire et la richesse de son clavier contribuent pleinement à une Première sonate (1894) dont chacun des mouvements est impeccablement caractérisé – tourments de l’Allegro appassionato, nostalgie de l’Andante un poco adagio, fraîcheur de l’Allegretto grazioso, élan du Vivace final.
Rendant hommage à l’ambiance si particulière des «Concerts du dimanche matin» ainsi que du Châtelet, et, dans un sourire, à son public «qui se lève tôt» ainsi qu’à ses artistes «qui sont toujours fatigués», Tamestit propose en bis de rester dans un demi-sommeil et de revenir à Schubert, avec une transcription du lied Nuit et rêves (1825).
Le site d’Antoine Tamestit
Le site de Cédric Tiberghien
Simon Corley
|