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La Belle et la Bête

Paris
Studio Le Regard du cygne
02/26/2010 -  
Reynaldo Hahn : L’Incrédule – D’une prison – A Chloris
Gabriel Fauré : Au bord de l’eau, opus 8 n° 1 – Après un rêve, opus 7 n° 1 – Tristesse, opus 6 n° 2 – Toujours (extrait de «Poème d’un jour»), opus 21 n° 2
Erik Satie : Elégie
Paul Delmet : Les Petits Pavés
Claude Debussy : La Flûte de Pan – La Chevelure (extraits des «Chansons de Bilitis»)
Serge Gainsbourg : Ces petits riens
Marguerite Monnot : Hymne à l’amour
Charles Dumont : Mon Dieu!
Nicolas Crosse : La Solitude – Les Remords
Maurice Mac-Nab : Les Fœtus
Kurt Weill : Je ne t’aime pas
Gaston Gabaroche : Azor

Emmanuelle Goizé (soprano), Nicolas Crosse (contrebasse)


(© François Goizé)


Au studio Le Regard du Cygne, au fond d’une cour sur les hauteurs de Belleville, les concerts «Carnegie’Small» de Philippe Coutelen donnent depuis près d’un quart de siècle une coloration musicale à une programmation essentiellement axée sur la danse contemporaine. Sous le titre «Incendie de Fauré», Emmanuelle Goizé et Nicolas Crosse y présentent un tour de chant: voix et contrebasse, l’association de la Belle et de la Bête intrigue, même si, depuis longtemps, Joëlle Léandre a démontré – seule, qui plus est – qu’elle est riche de potentialités.


La soprano, égérie de la compagnie Les Brigands, encore tout récemment dans Au temps des croisades (voir ici), et le contrebassiste, fidèle du petit ensemble instrumental qui se joint à leurs spectacles, soutenus dans le public par quelques-uns de leurs camarades, ont sélectionné quatre mélodies de Fauré, bien sûr, dont les célèbres Tristesse (1873) et Au bord de l’eau (1875). Mais leur programme va jusqu’à deux poèmes de Pierre Louÿs (La Solitude et Les Remords) mis en musique en 2008 par Nicolas Crosse lui-même. Entre-temps, se succèdent, pêle-mêle: Reynaldo Hahn; le cercle symboliste, avec Elégie (1886) de Satie et les deux premières des trois Chansons de Bilitis (1898) de Debussy; le cabaret, fin de siècle à Montmartre – Les Petits Pavés (1891) de Paul Delmet (1862-1904) – ou de l’entre-deux-guerres – Je ne t’aime pas (1934) de Weill; la chanson d’après-guerre – Piaf avec Hymne à l’amour (1949) de Marguerite Monnot (avec la contrebasse seule en pizzicati) et Mon Dieu! (1960) de Charles Dumont, mais aussi Ces petits riens (1964) de Gainsbourg.


Nul hiatus cependant entre ces dix-neuf numéros, qu’unifient en effet les arrangements inhabituels qu’implique un tel duo: non seulement tous les registres et les modes de jeu de la contrebasse, avec ou sans archet, percussifs et lyriques, jazzy et bruitistes, sont employés, mais les repères stylistiques et chronologiques sont complètement brouillés. D’une prison (1892) de Hahn devient ainsi un blues, tandis qu’un accompagnement hautement virtuose et étonnamment rythmé met le feu à Après un rêve (1878) de Fauré, dont «Toujours», extrait de Poème d’un jour (1880), swingue également de façon inattendue. Emblématique de cette fusion des genres, la conclusion du récital enchaîne un désopilant air extrait d’Azor (1932), opérette en trois actes de Gaston Gabaroche (1884-1961), trompété à la manière d’Armstrong, et le pastiche baroque d’A Chloris (1913) de Hahn, à l’intérieur duquel s’insère... le dialogue entre Dalida et Alain Delon dans Paroles, paroles.


Nul ne sera surpris de voir Emmanuelle Goizé s’accommoder sans peine de la polyvalence requise, se déplaçant ou restant immobile, debout, à genoux ou se lovant contre son partenaire, avec sa voix juste et précise, ductile et claire, qui, tour à tour, cajole, implore ou inquiète: une performance d’une heure sans entracte – presque entièrement a cappella, par exemple, dans L’Incrédule (1893) de Hahn qui ouvre le spectacle – malheureusement entrecoupée par des applaudissements, mais à laquelle ses qualités d’actrice apportent un supplément très apprécié, comme dans Les Fœtus (1885) de Maurice Mac-Nab (1856-1889).



Simon Corley

 

 

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