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Au bonheur des dames

Paris
Opéra Bastille
06/23/1999 -  et 26, 30 juin, 3, 7, 10, 13 juillet 1999
Giuseppe Verdi : Don Carlo
Sergei Larin (Carlo), Miriam Gauci (Elisabetta), Olga Borodina (Eboli), Isabelle Cals (Tebaldo), Dwayne Croft (Posa), Feruccio Furlanetto (Filipo), Kristinn Sigmundsson (Inquisiteur), Franz Hawlata (Charles-Quint)
Graham Vick (mise en scène), Tobias Hoheisel (décors et costumes), Thomas Webster (lumières)
Orchestre et choeurs de l’Opéra National de Paris, James Conlon (direction)

Il s’y faudra résoudre, la production demeurera par sa platitude la moins digne du grand talent de Graham Vick - où est le directeur d’acteurs de Parsifal et Mahagonny, qui plante ici ses solistes comme au plus beau des années cinquante ? On espère en revanche y entendre un jour en fosse un autre chef que Conlon, soigneux comme à l’ordinaire des timbres de son orchestre (le violoncelle d’ "Ella giammai m’amo " vous tirerait des larmes), mais en décalage presque constant avec le plateau, sans énergie dans les attaques, sans pulsation dans le rythme, seulement soucieux des grands arcs dynamiques de la partition et non des infinies nuances expressives que sous-entend le texte.

De toute manière, l’intérêt de cette reprise venait, pour les fines bouches, de la distribution féminine, encore que ces messieurs, loin de démériter, forment un bon ensemble. Larin, toujours musicien, plafonne dans des aigus dangereusement ouverts et erre dans ces décors lugubres comme une âme en peine, mais le Rodrigue de Dwayne Croft a de la classe, tant scéniquement que vocalement, couvrant sa tessiture avec un bel aplomb sinon un timbre hors du commun. Les détracteurs de Furlanetto auront beau jeu de railler sa voix noireaude et ses excès de vibrato, il n'en possède pas moins une vraie présence dramatique et fait preuve aujourd’hui de davantage de scrupules musicaux que par le passé (beau phrasé de l’air). Sigmundsson n’est guère chenu, mais déploie une voix d’une phénoménale ampleur - que la coupe très posée du duo préserve des égarements rythmiques qu’on lui connaît.

Ni Borodina, ni Gauci ne possèdent un organe d’une ampleur exceptionnelle, et la seconde souffre dans cette tessiture beaucoup trop grave. Mais l’émission naturellement haute de la mezzo russe, haïssant le poitrinage inutile, son timbre crémeux, ses phrases ondulantes nous valent la plus belle chanson du voile entendue depuis longtemps, et cette Eboli garde fière allure dans " O don fatale ". La maltaise reste l’un des meilleurs sopranos lyriques de sa génération, avec un timbre clair et touchant dans le haut-médium, une subtilité dans le phrasé et la dynamique, une sincérité d’émotion qui font oublier ses limites dans Elisabeth. Pour le ramage des dames, on pardonnera donc beaucoup...



Vincent Agrech

 

 

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