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Harmonies beethovéniennes

Paris
Salle Pleyel
02/10/2010 -  et 11 février 2010
Ludwig van Beethoven : Ouverture «Leonore III», opus 72a – Symphonie n° 3, opus 55
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 25, K. 503

David Fray (piano)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


D. Fray (© Sasha Gusov)


L’Orchestre de Paris a fière allure et, à quelques mois de la fin du mandat de Christoph Eschenbach à sa tête, on éprouve un réel plaisir à constater la tenue, l’homogénéité et la cohésion d’une formation qui interprète Beethoven comme peu d’orchestres français en sont capables: avec ferveur et véhémence, mais sans violence ni rugosité. Solidement mise en place, la Troisième symphonie (1804) en ressort davantage pastorale qu’héroïque, respirant un équilibre mozartien fait de moelleux et de rondeur. Ceux-ci faisaient probablement défaut à l’ouverture Leonore III (1806) donnée en première partie de concert, riche en couleurs et en dynamiques mais un peu écrasée par une baguette nerveuse, un geste massif et une relative dureté de son.


Si tout l’orchestre appelle des compliments dans la Symphonie en mi bémol majeur, on saluera l’éloquence splendide et singulière d’Alexandre Gattet, premier hautbois solo. Quant à Christoph Eschenbach – tout spécialement acclamé aux rappels –, on est d’abord soulagé puis franchement convaincu par une approche qui laisse de côté l’hédonisme et l’affectation entachant certaines de ses interprétations. Le bel élan dans lequel se conclut l’Allegro con brio n’efface certes pas complètement les quelques chutes de tension dans les reprises, qu’explique peut-être un tempo très ample. On est en revanche captivé par un Adagio assai sobre et expressif – où les instrumentistes s’investissent pleinement – et conquis par l’impression d’évidence qui ressort des deux derniers mouvements, que Christoph Eschenbach aborde d’une battue particulièrement enlevée. Le Finale, d’abord espiègle (jusque dans les pizzicatos de l’introduction), laisse s’épanouir une musique qui respire et qui chante, qui avance et qui vit. Bref, il offre tout ce qui faisait défaut au Concerto en ut majeur (1786) de Mozart restitué, avant l’entracte, par David Fray, récemment élu «soliste instrumental de l’année 2010» aux «Victoires de la Musique Classique».


Le pianiste français possède de nombreuses qualités, à commencer par un toucher d’une précision chirurgicale et une articulation exemplaire de tranchant et de netteté. Mais, dans Mozart, son jeu paraît tellement impeccable qu’il en devient lisse et ennuyant. La franchise de l’Andante pourrait faire croire à une esthétique de l’objectivité, qui trouvera peut-être ses adeptes. On entend surtout tristesse, froideur et indifférence dans ce jeu ciselé, qui ouvre davantage de perspectives introspectives dans les dernières notes des Kinderszenen (1838), données en bis sous l’œil attentif du grand interprète de Schumann qu’est Christoph Eschenbach.



Gilles d’Heyres

 

 

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