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Orgies sonores

Marseille
Opéra
01/10/2010 -  
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Roméo et Juliette
Carl Maria von Weber : Concerto pour clarinette n° 1 en fa mineur, opus 73
Igor Stravinsky : L’Oiseau de feu, Suite n° 2 (1919)

Paul Meyer (clarinette)
Orchestre philharmonique de Marseille, Gabriel Chmura (direction)


G. Chmura



L’Orchestre Philharmonique de Marseille reçoit le chef Gabriel Chmura, né en Pologne en 1946, actuel directeur musical de l’Orchestre National de la Radio Polonaise, après avoir longtemps dirigé celui d’Ottawa. Dès l’Ouverture-Fantaisie Roméo et Juliette de Tchaïkovski, on sent le chef de grande expérience. Il adopte en effet des tempi plutôt « sages », semblant suivre le précepte de Furtwängler, expliquant à Celibidache que le bon tempo c’est « wie es klingt » (« comme ça sonne »), notamment selon l’acoustique de la salle. Au début, on craint une lecture trop réservée, loin des emportements de certains, mais l’intensité croit peu à peu, tout naturellement. L’ampleur du geste donne l’occasion aux musiciens marseillais de déployer des sonorités fastueuses, dans le sublime chant d’amour comme dans les passages belliqueux, où des cuivres et un timbalier de folie se livrent à un véritable festival, jusqu’à produire des déchaînements orgiaques.


Après ce grand moment, quelques gazouillis des cordes (en effectif bien réduit) au début du Premier Concerto pour clarinette de Weber laissent craindre que l’œuvre ait été moins travaillée lors des répétions, mais par la suite, la prestation de l’orchestre se révèle impeccable, permettant à Paul Meyer de manifester beaucoup de verve et d’héroïsme dans les mouvements extrêmes, et une délicatesse charmeuse dans l’Adagio. Cet instrument soliste nous change agréablement des habituels pianistes et violonistes, et avec un artiste de la trempe de Paul Meyer, à la musicalité et au charisme évidents, le plaisir éprouvé ne laisse rien à envier, d’autant que ce concerto est une des plus belles inspirations de Weber, qui rivalise ici avec l’expressivité des concertos de Chopin. Pour le bis, Paul Meyer demande au clarinettiste de l’orchestre, un camarade d’étude au Conservatoire de Strasbourg, de le rejoindre pour interpréter le mouvement lent de la Sonate pour deux clarinettes de Francis Poulenc, nous offrant un moment de mélancolie méditative envoûtante, comme suspendue hors du temps.


Dans la Seconde Suite de L’Oiseau de feu de Stravinsky (version de 1919), l’orchestre, toujours très habilement dirigé par Gabriel Chumra, fait preuve d’une remarquable maîtrise et subtilité face à cette partition complexe. Les splendeurs sonores, les atmosphères langoureuses et les explosions dionysiaques enthousiasment à ce point le public, que les rappels se succèdent sans relâche. Cela donne lieu à une petite scène touchante : Gabriel Chmura semble surpris devant un tel succès, et embarrassé de n’avoir pas prévu de bis. Les premiers violons se concertent et trouvent une solution pour isoler un morceau dans le continuum sonore de L’Oiseau de feu : tout simplement reprendre l’éclatant final, qui comble d’aise un public enchanté.



Philippe van den Bosch

 

 

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