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Pétarade à la Cité de la Musique Paris Cité de la Musique 06/11/1999 - Robert Schumann : Allegro op. 8 ; Fantaisie op. 17
Arnold Schönberg : 3 Pièces op. 11
Karlheinz Stockhausen : Klavierstück X
Maurizio Pollini (piano) Cela faisait longtemps que l'on avait pas entendu Pollini jouer des pièces n'appartenant pas au grand répertoire romantique. On ne présente plus le pianiste italien. Des deux pièces de Schumann, on retiendra surtout le troisième mouvement de la Fantaisie, qui fut réellement inspiré, intelligent et sans cesse au plus haut niveau. Les autres pièces furent plus inégales, parfois submergées par le stress du pianiste. Quelques semaines après son récital à Pleyel, on a pu à nouveau s'étonner de l'étrange pédalisation de Pollini, qui ne favorise guère la clarté et donne parfois le sentiment de précipitation. La seconde partie du concert, consacrée à Schönberg et Stockhausen, fut assurément la plus belle et la plus intéressante. Pollini a su donner sens à la musique de Schönberg par son engagement, une vraie clarté de l'exposition et un sens de la poésie. On ne se posait pas réellement de questions : c'était beau. (Au disque, Pollini est, avec Glenn Gould, l'un des deux grands interprètes de Schönberg.) Beaucoup moins joué, le Klavierstück X de Stockhausen était très attendu. Pollini y fut grandiose d'engagement, avec ses nombreux coups de coude pétaradants, son écoute des résonances et une sonorité très variée. Un spectacle total. Stockhausen nous plonge dans une atmosphère musicale assez agressive dans laquelle les notes ont certes peu d'importance, ce qui ne semble pas critiquable en soi, dans la mesure où un certain nombre de pièces contemporaines ne tirent leur intérêt bien réel que d'un plongeon dans la couleur musicale. Mais on se dit, après coup, que le jeu n'est pas suffisamment varié pour cette durée, et que le piano doit pouvoir servir un élan qui dépasse celui d'une grisaille énergique et vivante. Il suffit d'écouter les deux bis : Schönberg et Debussy. Cela dit, une fois encore, Pollini fut excellent, et le spectacle, aussi prenant qu'impressionnant. Devant une salle comble, composée en partie, à la demande de Pollini, de jeunes musiciens peu habitués au concert, Pollini fit un triomphe. Et encore plus pour Stockhausen que pour Schumann. Il est intéressant de le signaler. Stéphan Vincent-Lancrin
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