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Shéhérazade au régime

Paris
Cité de la musique
01/31/2010 -  et 28 (Villefontaine), 29 (Echirolles) janvier 2010
Modeste Moussorgski : Prélude de «Khovantchina»: Lever de soleil sur la Moskova (orchestration Rimski-Korsakov)
Franz Liszt : Concerto pour piano n° 2
Nikolaï Rimski-Korsakov : Shéhérazade, opus 35

Sergeï Kasprov (piano)
La Chambre philharmonique, Emmanuel Krivine (direction)


E. Krivine (© Stéphane Ouzounoff)


Ayant intitulé sa saison «Un monde, des mondes», la Cité de la musique ne pouvait que s’intéresser à l’influence de l’Orient sur la musique occidentale. Vaste sujet! Du 30 janvier au 9 février, les huit concerts du cycle «Orientalismes» en offrent un aperçu chronologiquement et géographiquement très large, depuis «Paris-Istanbul» avec Jordi Savall et «Soliman le Magnifique et Francois Ier» jusqu’à la création de Nôise d’Adamek en passant par Le Paradis et la Péri de Schumann et Le Chant de la terre de Mahler. C’est dans ce cadre que La Chambre philharmonique et son fondateur, Emmanuel Krivine, présentent un programme court et partiellement en rapport avec la question – après tout, l’Europe, à l’est, a aussi son «orient».


Fondée en 2004, La Chambre philharmonique fait partie de ces ensembles jouant sur instruments d’époque – quelle que soit l’époque considérée – et regroupant pour ce faire des membres triés sur le volet. La «crème de la crème», comme diraient les anglophones, la liste de musiciens ressemblant à un bottin des meilleurs orchestres, notamment français: Paris (le corniste Benoît de Barsony), National (le percussionniste Emmanuel Curt), Philhar’ (le corniste Antoine Dreyfuss, le tromboniste Antoine Ganaye), Louvre-Grenoble (le hautboïste Jean-Philippe Thiébaut), Champs-Elysées (le hautboïste Taka Kitazato et la clarinettiste Nicola Boud), Ile-de-France (le trompettiste Yohan Chetail et le tromboniste Laurent Madeuf), ...


Dans le Prélude («Lever de soleil sur la Moskova») de Khovantchina, l’opéra laissé inachevé par Moussorgski à sa mort en 1881 et orchestré par Rimski-Korsakov, l’association de ces talents ne manque pas de saveur, ni même de verdeur. A l’origine, c’est Alexeï Lubimov qui devait jouer le Second concerto (1849) de Liszt: il a laissé la place à son élève et compatriote Sergeï Kasprov (né en 1979). Les notes de programme annonçaient un «pianoforte», perspective assez troublante pour une œuvre datant du milieu du XIXe, mais en réalité, l’instrument – sans que la moindre précision ne soit fournie – semble précisément dater de cette époque: un piano qui se fond bien dans l’orchestre, mettant en valeur un esprit chambriste assez inattendu dans cette musique, mais qui est également en mesure de dominer un effectif réduit (trente-deux cordes). Alternant panache et poésie, le jeune Russe convainc, malgré quelques traits un peu rétifs, et offre en bis «Le Polichinelle», avant-dernière des huit pièces de la Première suite (1918) de La Famille du bébé de Villa-Lobos.


En seconde partie, Shéhérazade (1888) de Rimski-Korsakov perd de son opulence habituelle au profit d’une interprétation plus anguleuse, rude et sauvage. La taille de l’orchestre et les qualités de ses membres permettent d’obtenir des textures d’une grande subtilité, mais la puissance ne fait nullement défaut aux tutti. Comme toujours, Krivine pèche davantage par excès de raideur que de souplesse, mais au moins n’est-il pas suspect de rajouter du sucre ou du gras sur ce loukoum musical, dont il fait au contraire ressortir les arêtes et la vitalité rythmique. Une Shéhérazade au régime, guère sensuelle, avec les atouts et les inconvénients d’un «orchestre de solistes»: excellents Alexis Kossenko à la flûte et, malgré quelques difficultés dans les dernières pages, Alexander Janiczek au violon, mais une finition perfectible en termes de cohésion et d’équilibre entre les pupitres. Remerciant un très nombreux public, le chef et ses musiciens restent en mi, avec la Deuxième des huit Danses slaves de l’Opus 72 (1886/1887) de Dvorák, qui aurait mérité davantage de corps et de chaleur.


Le site de La Chambre philharmonique



Simon Corley

 

 

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