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Comédie

Paris
Conservatoire Maurice Ravel de Levallois-Perret (Salle Ravel)
01/21/2010 -  et 22 (Brugge), 23 (Versailles), 24 (Caen), 26 (Tarbes) janvier 2010
Wolfgang Amadeus Mozart : Concertos pour piano n° 11, K. 387a [413], et n° 13, K. 387b [415]
Joseph Haydn : Symphonie n° 60 «Il Distratto»

Andreas Staier (pianoforte)
Orchestre des Champs-Elysées, Alessandro Moccia (premier violon solo et direction)


A. Staier (© Eric Manas)



Où Maurice Ravel a-t-il été inhumé? A Paris? A Ciboure? A Montfort-l’Amaury? Non! C’est à Levallois-Perret, dont le conservatoire a adopté le nom: il est installé en plein centre-ville dans un bâtiment contemporain à la façade vitrée qui comprend un superbe auditorium de 450 places – la salle Ravel, bien sûr. Son directeur artistique, Matthieu Gonet, par ailleurs directeur du conservatoire depuis janvier 2009 après avoir été durant sept ans directeur musical de la «Star Academy», a mis sur pied une saison d’une belle qualité: à 10 minutes en métro du centre de Paris, il faut aller entendre Cyprien Katsaris, Maximilien Kolbe de Dominique Probst, William Christie et Les Arts florissants, l’Ensemble orchestral de Paris, l’Orchestre Colonne, mais aussi Michel Delpech, Maurane et, comme il se doit, les élèves, les professeurs ainsi que les formations vocales, instrumentales et orchestrales du conservatoire.


S’il est déjà passé par Paris intra muros en novembre dernier (voir ici), l’Orchestre des Champs-Elysées s’arrête à deux reprises aux portes de la capitale durant cette saison: à Sceaux en décembre (voir ici) et maintenant à Levallois, première des cinq étapes d’une tournée qui le mènera notamment aussi à Versailles. Comme le mois dernier, le programme associe symphonies de Haydn et concertos pour piano de Mozart.


Plutôt que le célèbre Douzième, Andreas Staier a choisi les deux qui l’entourent, composés en réalité coup sur coup juste après lui (1782). Accompagnant les tutti, le pianiste allemand, sur un très beau Salvatore Lagrassa (1815) aux aigus toutefois un peu grêles mais dont l’excellente acoustique permet de ne rien perdre, parvient à dynamiser autant que possible le galant Onzième, y compris dans un Larghetto très allant. Bien que ne suscitant qu’une réaction modérément chaleureuse du public, le soliste et l’orchestre restituent avec bonheur la plus large palette d’expressions et de couleurs de l’éclatant Treizième, jusqu’à un poétique clin d’œil final, Staier laissant s’évanouir la résonance du dernier accord, piano: ce ton tour à tour facétieux et (faussement) pensif, c’est bien celui de la comédie, comme si souvent dans les concertos pour piano de Mozart, qui vient alors d’achever L’Enlèvement au sérail.


C’est également de comédie qu’il est question en seconde partie, avec la Soixantième symphonie «Le Distrait» (1775) de Haydn, composée pour une reprise à Esterháza de la pièce éponyme (1697) en cinq actes de Jean-François Regnard (1655-1709), comme le rappelle Alessandro Moccia dans un bref propos liminaire. Le premier violon solo supplée ainsi l’indigence des notes de programme réduites à la biographie des artistes et ne donnant pas même les indications de tempo des différents morceaux. En l’espèce, chacun des six mouvements correspond à un moment de la musique de scène écrite à cette occasion par Haydn (ouverture, entractes et finale), plusieurs pages faisant en outre directement allusion aux situations cocasses que provoquent les étourderies du héros. L’Orchestre des Champs-Elysées joue sans chef, Moccia étant simplement placé sur un podium légèrement surélevé: l’effectif n’est certes pas considérable (22 cordes), mais l’exercice n’en demeure pas moins difficile. Il est pourtant permis de penser que certaines interprétations dirigées de façon traditionnelle bénéficient d’une mise en place de moins bonne qualité, notamment dans les très vifs quatrième et dernier mouvements: un parfait ensemble, une approche mordante à souhait, des cors naturels (altos) verts et pimpants, un humour mettant en valeur les gags de la partition, jusqu’au fameux faux départ du Prestissimo final, où Moccia se lève et tape du pied pour mettre fin au brouhaha des cordes qui font semblant de se réaccorder.


Cette fois-ci, les applaudissements sont autrement plus nourris: les spectateurs obtiennent une prolongation de cette courte soirée avec le Presto final de la Cinquantième symphonie (1773) puis la reprise (abrégée) du Presto de la Soixantième. Avant le second bis, visiblement improvisé, le premier violon, mezza voce, s’excuse par avance d’une «fatigue» qui, à l’audition, paraît toute relative, voire imaginaire, compte tenu de l’élan irrésistible que les musiciens confèrent à nouveau à ce mouvement.


Le site de la salle Ravel
Le site de l’Orchestre des Champs-Elysées
Le site d’Andreas Staier



Simon Corley

 

 

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