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Une Réussite exemplaire Tourcoing Atelier Lyrique de Tourcoing 06/03/1999 - Peter Maxwell Davies : The Lighthouse (Le Phare) Stuart Patterson (First Officer/Sandy), Paul-Alexandre Dubois (Second Officer/Blazes), Kelvin Thomas (Third Officer/Arthur/Other voices)
Max Charruyer (mise en scène), Christine Marest (décors et costumes), Pierre Colomer (lumières)
Ensemble Erwartung, Bernard Desgraupes (direction)
Production : Opus Opéra en coproduction avec la Maison de la Musique de Nanterre Dans une région où l’opéra lutte pour survivre (fermeture à nouveau de l’Opéra de Lille pour une période "indéterminée "), on ne peut que se réjouir des efforts de l’Atelier Lyrique de Tourcoing pour offrir des saisons où la programmation est à la fois cohérente (cycles) et courageuse, ainsi que le démontre le dernier spectacle de la saison. Outre l’axe "baroque " qui fait sa réputation, Jean-Claude Malgoire insiste pour proposer au public des oeuvres contemporaines et on n’oubliera certainement pas la saison 1994-1995 qui proposait deux oeuvres de Britten. Cette année, Le Phare de Peter Maxwell Davies apparaît comme le spectacle le plus abouti, faisant oublier la relative déception d’une Flûte Enchantée dont on attendait certainement trop après la réussite de la Trilogie Mozart/DaPonte.
Tout d’abord, il y a le plaisir de découvrir la partition fascinante de Maxwell Davies à laquelle on adhère très rapidement, même si son style est difficile à cerner (ou peut-être justement à cause de cela). L’influence dodécaphonique est certaine mais n’envahit pas entièrement l’oeuvre qui propose aussi des moments inspirés d’airs populaires et des retours à un classicisme plus serein. Cette complexité musicale est en accord avec celle de l’intrigue (le livret est d’ailleurs aussi signé par Maxwell Davies) qui évoque la disparition mystérieuse de trois gardiens du phare des îles Flannan. Les mêmes chanteurs interprètent les officiers enquêtant dans le phare et les trois gardiens ; ainsi on passe du témoignage direct des officiers à des scènes qui ne sont plus narratives et montrent petit à petit la perte du sens de la réalité des gardiens qui a certainement amené leur perte.
La mise en scène de Max Charruyer est exemplaire de lisibilité et nous permet de suivre sans trop de difficultés la complexité de l’histoire (à noter aussi le surtitrage nécessaire à la compréhension) ; il est aidé par un décor simple mais oppressant de Christine Marest et les éclairages judicieux de Pierre Colomer (on n’oubliera pas la scène finale où le phare envoie une lumière de plus en plus agressive vers le public, en accord avec la musique).
Les interprètes sont remarquables dans des tessitures pourtant exigeantes : Stuart Patterson, ténor, Paul-Alexandre Dubois, baryton et Kelvin Thomas, baryton-basse. Outre leurs qualités vocales, ils font preuve d’une grande aisance scénique, voire même chorégraphique ; le travail de direction d’acteur de Max Charruyer a sans aucun doute porté ses fruits. Enfin, élément essentiel de la réussite de ce spectacle, la direction sans failles de Bernard Desgraupes à la tête d’un Ensemble Erwartung pour qui ce répertoire ne semble avoir aucun secret.
Ce "Phare " mériterait une reprise ou une tournée car il s’agit d’une découverte d’un grand intérêt.
(cf la critique du 14/1/99 à Nanterre de la même production)
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La saison prochaine est annoncée : le point fort sera certainement le cycle Monteverdi avec la présentation scénique de la "Trilogie " (Orfeo, Poppée, Ulysse) montée par la même équipe : à la mise en scène Jean-Claude Malgoire lui-même, s’entourant du chanteur Nicolas Rivenq (qui signera les décors) et de Jacky Lautem. Les Vêpres de la Vierge compléteront ce cycle.
L’ouverture de la saison sera consacrée aux Indes Galantes en version concert.
Bach est aussi au programme : un concert de Cantates sacrées avec James Bowman et un spectacle scénique utilisant des cantates profanes (mise en scène d’Alain Carré)
Reprise d’un concert Bizet (L’Arlésienne)
En ce qui concerne le répertoire contemporain, une production de Trouble in Tahiti de Bernstein sera présentée dans une mise en scène de Jean Lacornerie, dirigée par Bernard Yannotta.
Enfin pour fêter l’an 2000, un concert consacré à la 9e Symphonie de Beethoven au tarif unique de 10 F !
Pour plus de détails le numéro de téléphone de l’Atelier Lyrique de Tourcoing est : 03 20 70 66 66
Christophe Vetter
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