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Lutin russe

Paris
Auditorium du Louvre
01/11/2010 -  
Modeste Moussorgski : Kartinki s vystavki
Dimitri Chostakovitch : 24 Préludes, opus 34 – Prélude et Fugue, opus 87 n° 24

Andrei Korobeinikov (piano)


A. Korobeinikov (© Alvaro Yañez)



Un an après un récital consacré à Beethoven, Schubert et Scriabine (voir ici), le jeune pianiste Andrei Korobeinikov (né en 1986) revient au Louvre dans le cadre du cycle «Une saison russe» (dont le prochain concert accueillera Boris Berezovsky, le 13 janvier) et de l’«Année France-Russie 2010». Russe, Andrei Korobeinikov l’est jusqu’au bout des doigts. Des doigts que le disque avait déjà suggéré être faits pour Scriabine davantage que pour Beethoven. On est donc heureux de le retrouver dans un programme entièrement consacré à la musique de sa terre natale et qu’il aborde avec un mélange de fraîcheur et de générosité – prolongée dans quatre bis virtuoses – témoignant d’une personnalité encore en quête de maturité mais déjà prometteuse. De ce récital accueilli par une salle captivée et silencieuse, on retiendra d’abord et avant tout une remarquable seconde partie, plutôt que des Tableaux d’une exposition (1874) inégaux – où des instants de belle poésie moussorgskienne («Il vecchio castello», «Catacombæ») côtoient quelques moments d’ennui («Gnomus») – dessinés d’une frappe assurée mais parfois trop lente («La Grande Porte de Kiev») et loin d’être infaillible («La Cabane sur des pattes de poule»).


Chostakovitch bénéficie d’une approche plus aboutie. Il faut dire qu’Andrei Korobeinikov maîtrise les Vingt-quatre Préludes (1933) de Chostakovitch – rarement donnés en concert – qu’il restitue de mémoire et sans temps mort, y insufflant un ironie plus mordante que grinçante – plus proche de Brecht que de Büchner –, les conduisant du côté de la fraîche insolence plutôt que vers la révolte existentielle. Ces préludes, traités davantage comme des études impertinentes et légères que comme des pièces remplies d’angoisse, ne sont jamais étouffants. Etonnante perspective que celle de l’innocence et de la simplicité – on oserait presque dire de la pureté – dans cette œuvre qui annonce le Chostakovitch d’après-guerre, celui dont l’ultime Prélude et Fugue en ré mineur (1951) livre, dans un instant de recueillement mystique, un reflet plus poétique qu’obsessionnel. Face à la pauvreté de la discographie des Vingt-quatre Préludes (… même en comparaison des Vingt-quatre Préludes et fugues), on ne peut que former le vœu d’un enregistrement de l’Opus 34 par l’interprète inspiré qu’en est Andrei Korobeinikov.


Le site d’Andrei Korobeinikov



Gilles d’Heyres

 

 

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