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Pas de cadeaux Paris Théâtre des Champs-Elysées 12/09/2009 - et 13 décembre 2009 (Amsterdam) Johann Sebastian Bach : Cantates n° 63 et n° 110 – Magnificat, BWV 243a (*)
Sunhae Im, Katharina Hohlfeld (*) (sopranos), Gerhild Romberger (alto), Thomas Michael Allen (ténor), Roderick Williams (baryton)
RIAS Kammerchor, Akademie für alte Musik Berlin, Hans-Christoph Rademann (direction)
H.-C. Rademann (© D.R.)
Moins de trois semaines après une Flûte enchantée d’anthologie en version de concert (voir ici), l’Académie de musique ancienne de Berlin et le Chœur de chambre du RIAS sont de retour à Paris, cette fois-ci au Théâtre des Champs-Elysées. Entre un Messie et des extraits de l’Oratorio de Noël dirigés respectivement par Emmanuelle Haïm et Jean-Christophe Spinosi, les deux formations allemandes ont également opté pour un programme de saison, un petit peu plus original mais sans avoir pour autant découragé le public: deux des cantates de Bach destinées au jour de Noël, ainsi que la première version du Magnificat (1723), qui, même en terre réformée, était donné en latin à Pâques, à la Pentecôte et à Noël, ainsi que le rappelle l’excellente introduction de Vincent Borel dans le programme de salle. Car ce n’est généralement pas cette version (en mi bémol) du Magnificat qu’on entend, mais la seconde (en ré): s’y insèrent quatre numéros supplémentaires – un choral et un chœur en allemand ainsi qu’un chœur et un duetto (celui de la Cantate 110) en latin – qui en portent la durée à 35 minutes.
Directeur musical du RIAS Kammerchor depuis septembre 2007, Hans-Christoph Rademann a déjà conduit le chœur et l’orchestre berlinois dans les Passions – Saint Matthieu en avril 2007 (voir ici) et Saint Jean en mars dernier – et proposera de découvrir le 2 avril prochain une Musique funèbre de Johann Ludwig Bach (1677-1731), le «Bach de Meiningen», cousin éloigné de Jean-Sébastien. On regrettera cependant d’avoir à nouveau eu le sentiment d’être resté au bord du chemin, sans les fulgurances de Harnoncourt, ni les évidences de Herreweghe, ni la profondeur de Leonhardt.
Pourtant, la Cantate 110 «Unser Mund sei voll Lachens» (1725) comme la Cantate 63 «Christen, ätzet diesen Tag» (1713), requérant respectivement trois et quatre trompettes accompagnées de timbales, présentent un caractère éminemment festif. Las! Le chef allemand, sec et carré, met les fastes et jubilations baroques sous l’éteignoir: cela convient sans doute bien, dans le Magnificat, à «Deposuit», mais beaucoup moins à «Esurientes». L’interprétation n’exclut certes pas quelques beaux moments, tel le trio «Suscipe Israel» (soutenu par la trompette, au lieu de deux hautbois à l’unisson dans la seconde version), mais pour retomber tout de suite dans un «Sicut locutus» raide comme la justice. En outre, une certaine confusion caractérise les tutti associant masses chorale et orchestrale, dont le chœur introductif de la Cantate 110, jumeau de l’Ouverture de la Quatrième suite pour orchestre.
Dommage pour les vingt-six choristes du RIAS, toujours aussi fins et précis, et pour les musiciens de l’Académie, toujours parmi les meilleurs sur instruments anciens, y compris la redoutable trompette naturelle qu’Ute Hartwich parvient à dompter. Le quatuor soliste se situe à un niveau honorable, ne suscitant ni enthousiasme ni réelle déception: la Coréenne Sunhae Im, pétillante Papagena (et Première dame au pied levé) dans La Flûte susmentionnée, paraît bien moins à l’aise dans ce répertoire; Gerhild Romberger possède une vraie voix d’alto, ample et ronde, notamment mise en valeur dans le long récitatif accompagné de la Cantate 63; pas toujours heureux dans ses vocalises et ses aigus, le ténor américain Thomas Michael Allen soigne en revanche la diction; le baryton britannique Roderick Williams s’illustre quant à lui par sa clarté d’émission et une puissance bien dosée.
Demeure toutefois l’impression d’une soirée qui ne fait pas de cadeaux, jusqu’au refus d’accorder un bis.
Le site de l’Académie de musique ancienne de Berlin
Le site du Chœur de chambre du RIAS
Le site de Thomas Michael Allen
Le site d’Ute Hartwich
Simon Corley
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