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Du subtil au sublime

Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
12/03/2009 -  
Ludwig van Beethoven: Quatuors à cordes n° 7 en fa majeur, op. 59 n°1, et n° 14 en ut dièse mineur, op. 131

Quatuor Ebène : Pierre Colombet, Gabriel Le Magadure (violons), Mathieu Herzog (alto), Raphaël Merlin (violoncelle)


Le Quatuor Ebène (© J. Mignot)


La plupart des membres du Quatuor Ebène n’ont pas encore trente ans, mais leur formation est constituée depuis 1999, et une réputation flatteuse entoure déjà leur nom. Leurs trois premiers disques consacrés à Haydn, Bartók, puis Debussy et Ravel, ont été fort remarqués. Leur programme ambitieux réunit deux chefs-d’œuvre absolus des deux grandes périodes créatrices de Beethoven. Leur approche du premier des quatuors Razumovski, le plus célèbre et séduisant des trois, nous a relativement surpris par la finesse et la délicatesse de leurs sonorités, telles que perçues au quatrième rang. Que restait-il au fond de la vaste et belle salle du Grand Théâtre de Provence, presque comble au demeurant ? Manifestement, les Ebène ne cherchent pas la puissance et l’ampleur symphonique, contrairement à bien d’autres quatuors. Cette légèreté de touche, cette transparence des plans, ce dosage des sonorités, toujours soigneusement équilibrées, excellent à restituer des subtilités souvent insoupçonnées de l’écriture beethovénienne, notamment dans le final, extraordinairement complexe et moderne. Une écoute à recommander à ceux qui voient encore en Beethoven un rustre furieux débitant ses thèmes à la hache !


Sous leurs archets délicats, le sublime Adagio molto e mesto nous a bouleversé par sa douleur abyssale mais contenue, par son chagrin au-delà des larmes. Malgré toutes ses éminentes qualités, surtout de radiographie intellectuelle, leur lecture semblait néanmoins un peu précautionneuse, comme si l’œuvre avait été seulement récemment intégrée à leur répertoire et pas encore pleinement assimilée (ou à l’inverse, reprise après être restée un temps en jachère). D’ailleurs le premier violon s’est brièvement emmêlé les doigts dans les traits virtuoses introduisant le final. Cette impression de léger inaboutissement a été confirmée par une sonorité plus pleine et un jeu plus engagé dans le Quatorzième Quatuor, dont l’interprétation elle a été d’une perfection confondante et indicible. Les sept mouvements furent enchaînés en procurant non plus l’impression d’une somme de détails et de beautés éparses, mais avec une unité impressionnante, nous happant dans un flux irrépressible, et nous laissant brisé d’émotion. Après ce très grand moment, le violoncelliste est venu calmer l’enthousiasme du public en déclarant : « il y a peu de musiques qui ne supportent pas de bis après elles. Ce Quatorzième Quatuor en fait partie ».


Le site du Quatuor Ebène



Philippe van den Bosch

 

 

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