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Eloge de la gravitude

Paris
Auditorium Saint-Germain
12/01/2009 -  
Giacinto Scelsi : Okanagon – Nuits
Salvatore Sciarrino : Esplorazione del bianco
Franck Bedrossian : Digital
Sofia Goubaïdoulina : Cinq études pour contrebasse, harpe et percussions
Yves Chauris : Ripples II

Solistes de L’Itinéraire: Yann Dubost (contrebasse), Virginie Tarrête (harpe), Christophe Bredeloup (percussion), Sébastien Naves (diffusion)





Le XXe siècle a conféré leurs lettres de noblesse à l’alto ou au violoncelle, mais, même si ce fut sans doute plus tardivement, la contrebasse n’est pas en reste, ce que cet intéressant programme des solistes de L’Itinéraire est venu confirmer, grâce au jeune Yann Dubost (né en 1983) entouré de deux de ses partenaires de l’ensemble, la harpiste Virginie Tarrête et le percussionniste Christophe Bredeloup.


Dissimulés derrière un grand voile blanc sur lequel se projettent leurs ombres, ils donnent d’abord Okanagon (1968) de Scelsi: lent rituel presque statique, celui du «battement du cœur de la terre», dans lequel la percussion serait réduite au seul tam-tam si, dans une brève section centrale plus animée, le contrebassiste et la harpiste ne frappaient pas le bois de leur instrument. Le voile tombe pour Exploration du blanc (1986), où Sciarrino s’ingénie tout autant à travestir qu’à émanciper la contrebasse, comme si celle-ci voulait échapper un temps à sa «gravitude», jouer les vedettes, et ce en solo, qui plus est. Alors, comme dans «L’Eléphant» du Carnaval des animaux, elle explore, quitte à lasser un peu l’auditeur, l’aigu, la vocalité, la transparence, tous domaines auxquels elle n’est pas spontanément associée.


Digital (2003) de Franck Bedrossian (né en 1971) fait intervenir des sons préenregistrés aux côtés de la contrebasse et des percussions pour une partition riche en événements: agitation désordonnée, grincements et crissements de la contrebasse, poésie de percussions chatoyantes, explosions finales. Les Cinq études (1965) pour contrebasse, harpe et percussions de Goubaïdoulina n’en apparaissent que plus économes, mais, malgré leur caractère aphoristique, pas weberniennes, par leur souci de préserver la continuité du discours: musique à la fois mystérieuse et raffinée, adoptant une allure retenue à l’exception de l’avant-dernière (Allegro disperato), rythmée par les tom-toms. Retour à Scelsi, mais cette fois-ci avec la seule contrebasse, celle de Joëlle Léandre pour laquelle furent écrites Nuits (1972): humour et paradoxe président à ces deux pièces, puisque «C’est la nuit» se déploie de façon volubile et gracieuse, tandis que «Le Réveil profond» s’engourdit autour d’une note.


Commande de L’Itinéraire créée en janvier dernier, Ripples II pour contrebasse, harpe et percussion amplifiées d’Yves Chauris (né en 1980) est redonnée en présence du compositeur, actuellement en résidence à la Casa de Velázquez. Après Ripples I pour contrebasse seule, cette page d’une dizaine de minutes travaille sur les «ondulations» que suggère son titre anglais. De ce point de vue, les quelques mots placés en exergue – «Un son trouble la surface du miroir. L’ondulation apparaît, le murmure se propage, la rumeur croît, enfle, se précipite, s’abîme.» – tiennent lieu sinon de programme du moins de fil conducteur: à l’issue d’un round d’observation, durant lequel l’indifférenciation entre les trois instruments s’estompe peu à peu, la vitesse et l’intensité s’accroissent, suivant un déroulement dramatiquement efficace.


Le site de Yann Dubost
Le site de L’Itinéraire
Le site de la Fondation Isabella Scelsi



Simon Corley

 

 

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