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Eclectisme

Paris
Salle Pleyel
11/25/2009 -  et 26* novembre 2009
Toru Takemitsu : Music of Tree
Camille Saint-Saëns : Concerto pour piano n° 4, opus 44
Leos Janácek : Sumarovo dítě – Sinfonietta

Aldo Ciccolini (piano), Pavel Sporcl (violon)
Orchestre de Paris, Ilan Volkov (direction)


I. Volkov (© Simon Butterworth)



Soirée originale et éclectique à l’Orchestre de Paris, sous la baguette d’Ilan Volkov (né en 1976), ancien chief conductor de l’Orchestre symphonique écossais de la BBC de 2003 à 2009, dont il est désormais le principal guest conductor. Contrairement aux indications données tant par l’éditeur (Peters) que par les notes de programme, Music of Tree (1961) dure dix minutes et non pas dix-sept. Première grande page orchestrale de Takemitsu avant November Steps, elle révèle cependant déjà les principaux traits de son style: une écriture par petites touches weberniennes, requérant un effectif imposant (comprenant saxophone soprano et guitare) mais très peu utilisé en tutti, des timbres à la sensualité debussyste et, quoiqu’à un moindre degré que dans ses partition ultérieures, une influence de la musique traditionnelle japonaise, ici au travers de la flûte alto, des cloches de bambou et de secs pizzicati.


L’événement était les retrouvailles d’Aldo Ciccolini et de l’Orchestre de Paris, qui ont enregistré en 1970 l’intégrale des Concertos de Saint-Saëns sous la direction de Serge Baudo (EMI). Dans le Quatrième (1875), la venue du pianiste français, âgé de quatre-vingt-quatre ans, capitalisait de grandes espérances. Saint-Saëns rime-t-il avec «pas de chance»? Voici tout juste deux mois, Tzimo Barto avait défiguré le Deuxième. Avec Ciccolini, la profondeur de sa sonorité, la souplesse de son toucher et son art du chant demeurent certes intacts, procurant des instants de grâce dans la section Andante de la première partie. Mais la précision des doigts manque de régularité et une prudence aussi compréhensible que rédhibitoire plombe le tempo de l’Allegro moderato initial et, plus encore, de l’Allegro vivace final. Empêtré dans cette lenteur comme destinée à apporter de l’eau au moulin de ceux qui taxent Saint-Saëns d’académisme, Volkov est contraint de détailler et de fragmenter à l’excès le discours: dépourvue d’héroïsme aussi bien que d’architecture, l’œuvre en devient pesante et interminable. Imperturbablement impérial, Ciccolini, rosette de la Légion d’honneur à la boutonnière, savoure une fois de plus la reconnaissance tardive mais démonstrative du public français: en forme de remerciement autant que de déclaration, l’arrangement de Salut d’amour (1888) d’Elgar confirme qu’il excelle toujours dans la petite forme et la confession pudique.


Intégralement dévolue à Janácek, la seconde partie débute par une véritable rareté, L’Enfant du violoneux (1912), dont le propos expressément narratif se situe dans la descendance du romantisme fantastique des ultimes poèmes symphoniques de Dvorák, tout en étant on ne peut plus typique, par son alternance de petites cellules répétées et d’élans lyriques, du compositeur de Jenůfa. Cette «ballade symphonique» d’une douzaine de minutes comprend deux solos de violon relativement développés, mais ne présente en rien un caractère concertant, de telle sorte qu’il est difficile de comprendre pourquoi, en lieu et place du premier violon solo, Philippe Aïche, il a été fait appel à Pavel Sporcl et à son désormais fameux violon turquoise pour tenir cette partie, d’autant que celui-ci s’assied après chacune de ses deux interventions.


Dans la Sinfonietta (1926), très présente ces dernières années à l’Orchestre de Paris, Volkov ne parvient pas à faire oublier Jirí Bĕlohlávek en avril 2008 (voir ici) et Pierre Boulez en octobre 2003, malgré la désastreuse acoustique de Mogador (voir ici). Bien qu’instrumentalement au point, avec un bon équilibre entre les pupitres, l’interprétation du chef israélien peine à convaincre, manquant de rugosité et, surtout, trop abstraite, méticuleusement décomposée au point d’en paraître excessivement décousue.


Le site de Pavel Sporcl



Simon Corley

 

 

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