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Jeunesse dans le public, jeunesse sur scène

Paris
Salle Pleyel
11/20/2009 -  
Steve Barakatt : Berceuse
Modest Moussorgsky : Tableaux d’une exposition (orchestration Maurice Ravel)
Maurice Ravel : La Valse – Boléro

Maîtrise de Radio France, Sofi Jeannin (chef de chœur)
Orchestre philharmonique de Radio-France, Myung-Whun Chung (direction)





Il y a près d’un an déjà, l’Orchestre philharmonique de Radio-France et son directeur musical, Myung-Whun Chung, donnaient un concert à la Salle Pleyel au profit des enfants, le chef ayant d’ailleurs été nommé quelques mois auparavant ambassadeur international de l’UNICEF (voir ici).


Le concert de ce soir s’intégrait dans la même veine puisqu’il célébrait le vingtième anniversaire de la Convention internationale sur les droits de l’enfant, signée très exactement le 20 novembre 1989. A cette occasion, les jeunes chanteurs de la Maîtrise de Radio France avaient été conviés à participer à l’interprétation de la première œuvre au programme, la Berceuse de Steve Barakatt, jeune pianiste et compositeur canadien (il est né en 1973), également ambassadeur de l’UNICEF pour son pays. Force est de constater que cette brève pièce musicale (cinq minutes à peine) joue sur le beau son mais fait preuve de peu d’inventivité. La partie chantée par la Maîtrise rappelle certes la partie vocale introduite par Tchaïkovsky à la fin de la « Valse des flocons de neige » dans son ballet Casse-Noisette mais manque singulièrement de poésie.


Brève introduction donc avant l’œuvre principale de la première partie du concert, les Tableaux d’une exposition de Modest Moussorgsky (1839-1881). Qu’on nous permette de regretter ce choix ! Naturellement, non pour son intérêt musical (sans conteste rehaussé par l’orchestration talentueuse de Maurice Ravel) mais parce que Myung-Whun Chung et ses partenaires l’avaient déjà donnée l’année dernière pour le concert dédié à l’UNICEF ! Ce ne sont pourtant pas les pages musicales célébrant l’enfance ou pouvant être jouées dans un contexte festif qui manquent ! Pourquoi ne pas avoir joué des suites de ballets de Tchaïkovski, La Symphonie des jouets de Leopold Mozart ou des extraits de l’opéra Hänsel und Gretel d’Engelbert Humperdinck ? Las, on entendra une nouvelle fois le chef-d’œuvre de Moussorgsky. Ne boudons pas pour autant notre plaisir : l’interprétation fut une totale réussite en dépit d’un orchestre manquant parfois de dynamisme et d’ampleur. Les individualités (petite harmonie, cuivres, percussions) furent enthousiasmantes et donnèrent, aidées en cela par des pupitres de cordes à l’impressionnante cohérence, de magnifiques moments : quand bien même il s’agissait d’une « redite », le moment fut pleinement apprécié !


D’un abord plus difficile, La Valse célébrait ce soir ses quatre-vingt dix ans. En effet, bien que créée en décembre 1920, ses prémices remontent à l’année 1919, Ravel (1875-1937) ayant décidé de composer cette pantomime pour les Ballets russes de Diaghilev, qui refusa d’ailleurs de créer l’œuvre tant celle-ci lui semblait éloignée de la valse véritable. Myung-Whun Chung a toujours aimé cette pièce qui correspond si bien aux timbres de l’orchestre qu’il dirige depuis maintenant près de dix ans et qu’il a donnée à de multiples reprises. On retrouve ce soir les qualités habituelles que l’on a déjà pu constater dans la confrontation entre le chef et l’œuvre ravélienne : clarté des timbres, sens du rythme, variété des couleurs… L’interprétation s’avère donc du plus haut niveau et le martèlement conclusif emporte l’adhésion immédiate du public.


Il y a un an, l’hommage à l’UNICEF s’était concrétisé par la part prépondérante prise par les enfants dans le public : ils occupaient alors la totalité des places situées derrière l’orchestre. Cette année, ce sont de jeunes instrumentistes, encadrés par quelques musiciens du Philharmonique, qui siègent à ces places afin de participer pleinement à l’interprétation de la dernière œuvre au programme de ce concert, le Boléro de Ravel. Si les solistes étaient tous issus des rangs de l’orchestre, les tutti permirent ainsi à plus de 150 jeunes musiciens, issus de divers conservatoires et écoles de musique de la région parisienne, de jouer avec entrain cette pièce parmi les plus célèbres du répertoire classique. Même si on a pu noter quelques imperfections et quelques innovations (notamment le recours aux maracas !), la tonalité de l’interprétation demeure dominée par une franche spontanéité, Chung assurant avec professionnalisme le service minimum, concluant ainsi un concert à la tonalité particulière mais en totale adéquation avec la générosité qui annonce les fêtes de fin d’année.


Le site de l’UNICEF



Sébastien Gauthier

 

 

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