Back
L’arche de Doerner Paris Salle Pleyel 11/21/2009 - César Franck : Les Eolides, FWV 43
Claude Debussy : La Mer
Maurice Ravel : Concerto en sol – Boléro
Olivier Messiaen : Les Offrandes oubliées
Bruno Rigutto (piano)
Orchestre Pasdeloup, Wolfgang Doerner (direction)
B. Rigutto
L’Orchestre Pasdeloup a placé sa saison sous le thème de la «lumière»: après un désormais traditionnel hommage à Offenbach et une après-midi consacrée à la musique classique au cinéma, le premier des trois concerts confiés au fidèle Wolfgang Doerner marquait en quelque sorte la vraie rentrée. Sous le titre «Transparences», il était intégralement dédié à la musique française, le chef autrichien ayant eu à cœur d’associer «tubes» et œuvres plus rares dans un programme en forme d’arche.
Du temps de l’âge d’or des associations symphoniques, Les Eolides (1876) de Franck appartenaient au répertoire et puis, comme Le Chasseur maudit, Les Djinns et Psyché, ont progressivement disparu de l’affiche. S’il ne s’agit pas ici du premier poème symphonique de Franck – le méconnu Ce qu’on entend sur la montagne est antérieur de près de trente ans – il ne s’en place pas moins encore sous obédience lisztienne, avec des harmonies toutefois typiques du compositeur de la Symphonie en ré mineur: une musique qui, en tout cas, semble faite pour la direction souple et lyrique de Doerner. Mais pour en rester dans le domaine pélagique, La Mer (1905) de Debussy est autrement plus célèbre: attentif aux équilibres entre les pupitres, Doerner en exalte davantage la sensualité et la poésie que le caractère révolutionnaire, prenant un plaisir évident à pétrir la pâte sonore pour construire de grandioses péroraisons dans «De l’aube à midi sur la mer» et «Dialogue du vent et de la mer».
Le Concerto en sol (1930) de Ravel, qui devait constituer à la fois le centre et le point culminant de l’arche, met certes en valeur le piano sobre et sans affectation de Bruno Rigutto ainsi que la bonne forme des bois, notamment l’excellent cor anglais de Benoît Roulet, mais souffre des faiblesses des cuivres et de décalages récurrents dans le redoutable Presto final. Par un effet d’optique tenant sans doute à l’écart de plus d’une génération entre Ravel et Messiaen, on aurait tendance à perdre de vue que les ultimes créations de l’un sont exactement contemporaines des premiers succès de l’autre: c’est le cas des Offrandes oubliées (1930), dont Doerner donne une lecture haute en couleur. Dans Boléro (1928), il se tient en retrait jusqu’à l’entrée des premiers violons, s’en remettant à la caisse claire de François-Marie Juskowiak: les soli sont presque tous impeccables, les phrasés délicatement arrondis et le tout gorgé de soleil. Voilà qui augure bien du prochain rendez-vous 100% hispanique de l’Orchestre Pasdeloup, le 5 décembre prochain à Pleyel.
Le site de l’Orchestre Pasdeloup
Le site de Bruno Rigutto
Simon Corley
|