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Grandes constructions

Paris
Auditorium du Louvre
11/20/2009 -  
Wolfgang Rihm : Quatuor n° 11 (création française)
Ludwig van Beethoven : Quatuor n° 14, opus 131

Quatuor Takács: Edward Dusinberrre, Károly Schranz (violon), Geraldine Walther (alto), András Fejér (violoncelle)


Le Quatuor Takács (© D.R.)



Pour sa troisième édition, le cycle de musique contemporaine (œuvre)2 de l’Auditorium du Louvre ne comprend que deux concerts: après l’ensemble vocal Les Cris de Paris, qui a créé deux pages nouvelles de Ballereau et Fedele, le Quatuor Takács donne, en présence de l’auteur, la première française du Onzième quatuor (2007) de Wolfgang Rihm, qu’il a déjà interprété à Essen en janvier puis à New York en octobre.


Le Douzième ayant été achevé en 2001, ce Onzième, commencé en 1997, est par conséquent le dernier publié à ce jour par le prolifique compositeur allemand. Destiné aux Takács, il se caractérise par la diversité de ses climats, de l’insouciance à la nostalgie, de la confidence à l’exaspération, de la tendresse à la violence, de la méditation à la jubilation. Avant de s’effacer sur un discret pizzicato, cette demi-heure d’un seul tenant propose donc une succession d’épisodes contrastés, entretenant, comme toujours chez Rihm, un dialogue avec les grands anciens (Berg, Bartók). Bien loin de pratiquer l’hybridation et l’hétérogénéité, l’alternance de styles et d’atmosphères trouve son accomplissement dans une écriture dense, puissamment unificatrice mais aussi séduisante, dans ses moments ludiques comme dans ses heurts. Le public apprécie, y compris un petit rongeur qui, dans les premières minutes, se faufile sur la scène, côté jardin, le long du mur.


Le rapprochement avec le Quatorzième quatuor (1826) de Beethoven est bienvenu: ses sept mouvements enchaînés sans interruption suivent un cheminement comparable, d’ordre narratif, voire dramatique, passant par une grande variété d’états. Remarquablement versatile, le Quatuor Takács joue de ces contrastes, avec un premier mouvement résolument expressif, d’une belle plénitude sonore, et un Andante à variations volontiers lyrique, mais un Presto humoristique à souhait et un rugueux Allegro final. Sans doute moins unitaire que l’approche spéculative des Emerson ou que l’élan intuitif des Prazák, la vision des Takács, fondée sur une qualité instrumentale de premier ordre, s’impose toutefois par sa tenue et sa musicalité. On leur pardonnera sans peine, à l’issue ce programme exigeant et présenté sans entracte, de s’être éclipsés sans avoir offert de bis.



Simon Corley

 

 

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