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Le feu et la glace Paris Théâtre du Châtelet 11/08/2009 - Antonín Dvorák : Quatuor n° 12 «Américain», opus 96, B. 179
Robert Schumann : Quintette avec piano, opus 44
Evgeni Koroliov (piano), Quatuor Prazák: Václav Remes, Vlastimil Holek (violon), Josef Kluson (alto), Michal Kanka (violoncelle)
 Le Quatuor Prazák (© Guy Vivien)
A combien de reprises a-t-on déjà entendu les Prazák dans le Douzième quatuor «Américain» (1893) de Dvorák? Et combien de fois l’ont-ils joué? Peu importe, car ils l’abordent, en ce «Concert du dimanche matin» au Châtelet, avec la fraîcheur du premier jour, mélange de rusticité et de grâce, de rugosité et de chaleur. Trente-cinq ans de carrière, dont près de vingt-cinq dans exactement la même formation, n’ont instauré aucune routine, tout en créant une complicité à nulle autre pareille. Et leur plaisir de jouer est visiblement intact, dans la pureté du chant du Lento, dans le moindre pizzicato du violoncelle de Michal Kanka ou dans l’attaque bondissante du Vivace non troppo final par le second violon Vlastimil Holek et l’altiste Josef Kluson.
De même, s’il ne l’a pas encore enregistré, le Quatuor Prazák a souvent donné le Quintette avec piano (1842) de Schumann, par exemple avec Nicholas Angelich (voir ici et ici) et avec Alain Planès (voir ici). L’association de la générosité des Tchèques avec la réserve d’Evgeni Koroliov évoquait a priori celle du feu et de la glace, mais la rencontre n’en fut pas moins fructueuse, à l’image des nombreux regards et signes échangés entre le pianiste et le premier violon Václav Remes. Le dialogue l’emporte donc sur la confrontation, dans un véritable esprit chambriste, loin du caractère symphonique ou concertant que l’on confère parfois à cette pièce. Et comme Koroliov ne renonce évidemment pas à son jeu contrôlé et sans concession, celle-ci sonne de façon plus classique que romantique, un choix que la grandiose fugue finale justifie pleinement.
En bis, dans le Scherzo du Quintette avec piano (1940) de Chostakovitch, hommage à l’invité russe en même temps qu’œuvre à nouveau fortement inspirée des modèles classiques, le style rigoureux et détaché de Koroliov fait merveille.
Le site du Quatuor Prazák
Simon Corley
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